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Votre voix dit beaucoup…de votre sommeil

Par le Dr. Jonathan TAÏEB
Secrétaire Général de l’AMIF

« Ici La Voix : Sommeil Story ». C’est ainsi qu’on serait tenté de décrire, en paraphrasant une célèbre émission de télé-réalité, une étude étonnante et très intéressante menée par des chercheurs français afin d’identifier un lien entre la singularité de la voix d’un individu à un instant précis et la qualité de son sommeil en parallèle.

Plus précisément, ces travaux de Recherche ont porté sur la détection d’une privation chronique de sommeil grâce à l’analyse de la prosodie (mélodie de la phrase, modification de la voix, variation du débit de parole) et du timbre (voix claire contre voix cassée).

Dirigée par le Pr Damien LEGER (Université Paris Cité, Hôtel Dieu Paris),en collaboration avec Daniel Pressnitzer (chercheur du CNRS au Laboratoire des systèmes perceptifs, CNRS / ENS – PSL) et Etienne Thoret (chercheur du CNRS à l’Institut de neurosciences de la Timone, Aix-Marseille Université / CNRS), cette étude s’inscrit d’ailleurs pleinement dans l’ère du temps.

Publiée dans la revue scientifique PLoS Computatinal Biology, cette étude a été menée sur un échantillon de 22 femmes autorisées à ne dormir que 3 heures par nuit et ce pendant 2 nuits consécutives. Après avoir caractérisé les différentes dimensions de la voix pouvant être affectées par la privation de sommeil, les chercheurs ont fait appel à l’intelligence artificielle (IA), une technologie de plus en plus sollicitée, en Médecine comme dans bien d’autres domaines, afin de poser le diagnostic d’une privation de sommeil suite à l’écoute des enregistrements vocaux des participantes.

Ayant simultanément associé le ressenti de fatigue de chaque personne privée de sommeil avec les analyses de sa voix, les chercheurs sont parvenus à évaluer le degré de fatigue d’une personne : « Les résultats de cette étude permettent désormais d’envisager des protocoles de détection de privation de sommeil par l’analyse de la voix grâce à l’IA », concluent-ils.

Cette découverte majeure ouvre la voie, sans mauvais jeu de mots, à de nombreuses mises en application dans la vie réelle, d’autant plus compte tenu du coût de la dette de sommeil pour notre système de santé publique. On peut par exemple citer la sécurité routière, quand on sait que plus d’un tiers des accidents de la route est provoqué par la somnolence au volant des conducteurs…

« Quand je me réveille la nuit, casser la voix, casser la voix »… Force est de constater que Patrick Bruel, dans sa chanson éponyme de 1989, ne croyait pas si bien dire…