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Quel était le statut des aveugles chez les Hébreux ?

LA MÉDECINE AU TEMPS DES HÉBREUX

Le Talmud rapporte un certain nombre d’aveugles comme Nahum Gamzu[1], Rabbi Dosa Ben Harkinos[2], Rav Joseph, Rav Sheshet[3]et Bava Ben Buta[4]. La condition de vie de l’aveugle désigné sous le nom de Iwèr dans la Bible et de Souma dans le Talmud[5] est extrêmement difficile. Il est parfois condamné à vivre de la mendicité. Il n’est pas autorisé à devenir juge ou prêtre[6].  La crainte que cet handicap inspire conduit ceux qui croisent un aveugle à  prononcer la phrase «  Barouk dayan emet » (« Béni soit le juge juste »)[7]. Les aveugles sont considérés comme l’une des quatre catégories de personnes considérés comme mortes avec le pauvre, le lépreux et celui qui n’a pas de postérité[8].  Comme l’atteste le Talmud « Il n’y a pas de plus grande souffrance que la cécité. Lorsque l’Eternel viendra guérir le monde, il guérira d’abord les aveugles[9] ». Il est établit trois variétés d’aveugles qui sont considérés comme disposant d’aptitudes : les enfants aveugles qui reconnaissent le sein et l’odeur de leur mère[10],  ceux qui reconnaissent leurs femmes à leurs voix[11] et ceux qui ont une bonne mémoire et une excellente audition[12]. Il est reconnu qu’il existe des cécités acquises consécutives à des troubles nutritionnelles[13] ou à de mauvaises conditions d’hygiène[14].  La Bible édicte des punitions sévères à l’égard de ceux qui font souffrir un aveugle car si lui ne voit pas, l’Eternel voit tout[15]. L’aveugle est l’objet de mépris et de ridicule dans d’autres civilisations de l’Antiquité[16]. Le Juste doit le protéger en ne mettant pas d’obstacles devant lui « ne place pas d’obstacle sur le chemin d’un aveugle[17] ».  « Maudit, celui qui égare l’aveugle en son chemin! [18]». Il est intéressant de rappeler qu’il était précisé que celui qui vexait un aveugle était tenu de lui payer le prix de son humiliation même si l’aveugle ne voyait pas l’action qui avait été commise à son égard[19]. La loi est d’ailleurs plus clémente que les personnes indemnes de tout trouble oculaire. Ainsi la femme aveugle accusée d’adultère n’est pas condamné à la punition prescrite normalement pour adultère[20].

Références

  • [1] Taanit 21a
  • [2] Yebamot 16a
  • [3] Baba  Kama 87a
  • [4] Baba Batra 4a
  • [5] Simon I . L’ophtalmologie biblique et talmudique. Revue d’Histoire de la Médecine Hébraïque. 104, 1973, 115-123
  • [6] Simon I . L’ophtalmologie biblique et talmudique. Revue d’Histoire de la Médecine Hébraïque. 104, 1973, 115-123
  • [7] Berakhot 58b
  • [8] Nedarim 64b
  • [9] Baba Kama 86 b
  • [10] Ketoubot 60a
  • [11] Guittine 23a
  • [12] Kidoushin 31b et Berakhot 58a
  • [13] Erouvin 15 :8 et Erouvin 17b
  • [14] Chabbat 108b
  • [15]Simon I . L’ophtalmologie biblique et talmudique. Revue d’Histoire de la Médecine Hébraïque. 104, 1973, 115-123
  • [16] Lowenfeld B The changing status of the blind. 1975, p18-20
  • [17] Lév. 19:14
  • [18] Deutéronome 27,18
  • [19] Talmud Jerôme . Respect de l’etre humain et de la vie dans la medecine hebraique des origines a nos jours. Thèse de doctorat d’état de philosophie . Reims 1997  p 1162
  • [20] Sotah 27 a

Pour en savoir plus: La médecine au temps des Hébreux, Bruno Halioua. Éditeur : éditions Liana Levi. Retrouvez le livre sur le site de l’éditeur ou sur Amazon.