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Les Hébreux sont-ils les précurseurs de la musicothérapie ?

LA MÉDECINE AU TEMPS DES HÉBREUX

Le plus célèbre des malades psychiatrique de la Bible est incontestablement  le Roi Saul qui était en proie à des crises de terreur[1]. Il est rapporté qu’il délirait[2], qu’il se dépouillait de ses vêtements, et qu’il s’étendait nu[3]. La maladie de Saul a été l’objet de nombreuses interprétations. On apprend en lisant le premier livre de Samuel que Saul fut proclamé roi à la demande du peuple. Toutefois, Samuel a retiré la royauté à la postérité de Saul car ce dernier avait désobéi à un commandement divin, En conséquence, il a secrètement oint David avec l’huile, le faisant roi. C’est à ce moment-là que Saul va entrer véritablement dans sa maladie.

Nous lisons :« Or l’esprit divin avait abandonné Saul, et il était en proie à un mauvais esprit suscité par le Seigneur. Les serviteurs de Saul lui dirent : Hélas un mauvais esprit de Dieu te tourmente. Daigne ordonner Seigneur que tes serviteurs qui t’entourent se mettent en quête d’un habile joueur de harpe afin qu’il en joue quand Dieu t’enverra ce mauvais esprit, et cela te fera du bien[4] ». Saul se conforme alors à l’avis de ses serviteurs et par la suite, « lorsque l’esprit de Dieu s’emparait de Saul, David prenait sa harpe et en jouait avec les doigts ; Saul en éprouvait du soulagement et du bien-être et le mauvais esprit le quittait[5]. ». Il est intéressant de souligner que dans le texte de Flavius Josephe, ce ne sont pas les serviteurs qui incitent Saul à trouver un musicien mais les médecins dépourvus de thérapeutiques face aux troubles de Saul. En conséquence, comme il le souligne « il n’avait pas d’autre médecin que David[6]  ». Comme l’explique le professeur Laignel-Lavastine, « le cas de Saul est le premier exemple précis que nous ayons de l’influence de la musicothérapie dans l’aliénation mentale. ». La musicothérapie est considérée comme une authentique psychothérapie d’activation, de créativité, d’inspiration analytique, qui s’articule comme moyen d’expression, de communication, de structuration. C’est une méthode d’autant plus intéressante qu’elle fait intervenir une relation tripolaire patient-thérapeute-musique. On peut toutefois s’interroger sur le but inavoué de David. Souhaitait t-il établir une relation fusionnelle avec Saul à travers la musique ? A-t-il voulu partager un plaisir ? En effet, l’écoute de la musique implique le partage une expérience émotionnelle esthétique qui est considérée, ainsi que l’explique J. Verdeau-Pailles[7], comme « une situation régressive et maternante, hautement sécurisante ». David a-t-il compris la dimension thérapeutique du son de la harpe ? C’est probable, d’autant qu’il est possible qu’il s’accompagnait d’une facilitation du dialogue.

Références

  • [1] 1 Samuel 16:16
  • [2] 1 Samuel 18:10
  • [3]  1 Samuel 19:23- 24
  • [4] 1 Samuel 16,16
  • [5] 1 Samuel 16,23
  • [6]Flavius Josèphe Les antiquités juives. Cerf .1999  livre 6, chapitre 7
  • [7]Verdeau-Pailles J. Psychothérapie: Musicothérapie Encephale. 1991 Jan-Feb;17(1):43-9

Pour en savoir plus: La médecine au temps des Hébreux, Bruno Halioua. Éditeur : éditions Liana Levi. Retrouvez le livre sur le site de l’éditeur ou sur Amazon.