
ÉMOUNA et BITAKHON : complément spirituel à la psychiatrie moderne
La ÉMOUNA signifie la foi ou la croyance. C’est la conviction profonde que D.ieu existe, qu’Il dirige le monde et que tout ce qui arrive a un sens voulu par Lui, même si on ne le comprend pas toujours. C’est une croyance intellectuelle et émotionnelle en D.ieu. Elle repose souvent sur l’enseignement, la tradition et l’étude. La ÉMOUNA est la base de la relation entre l’homme et D.ieu.
Exemple : Croire que D.ieu a créé le monde et qu’Il entend nos prières, c’est de la ÉMOUNA.
« Le juste vivra par sa foi. » (Habakuk 2,4) Ce verset est souvent cité comme fondement de la ÉMOUNA dans la tradition juive.
Le BITAKHON est la confiance pratique et totale que D.ieu fera ce qui est bon pour nous. C’est une attitude de sérénité et d’assurance, même face aux difficultés, en sachant que tout est entre les mains de D.ieu. C’est l’application de la ÉMOUNA dans la vie quotidienne. Il se manifeste par la tranquillité d’esprit et l’absence de peur. Le BITAKHON implique une certitude que tout est pour le bien, même si cela semble négatif.
Exemple : Quand quelqu’un perd un emploi mais reste serein en se disant : “D.ieu me donnera une meilleure opportunité”, c’est du BITAKHON.
« Confie-toi en l’Eternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ton intelligence » (Mishlei/Proverbes 3:5).Ce verset cité par le roi Salomon montre que le BITAKHON dépasse la logique humaine.
Le Rav Dessler (Mikhtav MeEliyahou) résume ces deux concepts de façon très simple : « La ÉMOUNA est de croire que D.ieu peut tout faire. Le BITAKHON, c’est vivre avec la certitude qu’Il fera ce qui est bon pour moi. »
La ÉMOUNA (foi) et le BITAKHON (confiance en D.ieu) sont des ressources spirituelles qui peuvent, dans certains cas, apporter une paix intérieure plus profonde et plus durable que les anxiolytiques. En effet, ils ne masquent pas l’anxiété comme le font les anxiolytiques mais ils la transforment. De plus, ils donnent un sens à l’anxiété et rééduquent ainsi le regard sur les situations anxiogènes : « Ce que je vis a un sens. Je ne suis pas en danger. Il y a un plan derrière tout ça. D.ieu me guide même dans l’épreuve ».
La foi et la confiance en D.ieu nous rendent acteurs de la situation. On finit par maîtriser la peur au lieu de la subir. Certes, les anxiolytiques peuvent être nécessaires, mais leur action est temporaire. Tandis que la ÉMOUNA et le BITAKHON, s’ils sont cultivés, deviennent une force constante, un “muscle spirituel” intérieur qui ne dépend de rien d’extérieur.
« Celui qui a le BITAKHON vit dans la paix, même quand les tempêtes soufflent autour de lui. » (Rabbénou Ba‟hyé,‟Hovot Halévavot).
Évidemment, il est nécessaire – et même une mitsva – de recourir aux soins médicaux, y compris psychologiques ou psychiatriques : “Honore le médecin, car D.ieu l’a créé… Le Très-Haut a créé les remèdes, et l’homme sage ne les rejettera pas.” (Ben Sira). Cela valide pleinement la médecine comme une expression de la volonté divine. Mais même avec un traitement, la ÉMOUNA et le BITAKHON sont des compléments indispensables à la guérison de l’esprit. D.ieu a donné la science aux médecins, néanmoins la guérison ultime vient aussi de la lumière intérieure, nourrie par la ÉMOUNA, la prière, et le BITAKHON. Autrement dit, D.ieu a créé les médecins, mais Il a aussi déposé dans l’âme la lumière qui guérit de l’intérieur.
Psychiatre – addictologue
Expert judicaire