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Un somnambule à l’Élysée : la Présidence insolite de Paul Deschanel

Par le Dr. Jonathan TAÏEB
Secrétaire Général de l’AMIF

En 1920, la France se trouve à un carrefour politique. La course à la présidence oppose deux figures notables : Georges Clemenceau, vétéran politique de 79 ans, et Paul Deschanel, 65 ans, réputé pour son habileté politique. Clemenceau, malgré sa gestion énergique de la Première Guerre mondiale, voit sa candidature affaiblie par des critiques sur son âge avancé. C’est ainsi que Deschanel l’emporte.

Cependant, l’épisode le plus mémorable de la présidence de Deschanel est malheureusement un incident nocturne. Le 23 mai 1920, sous l’effet d’un hypnotique, il tombe d’un train en route pour Montbrison, atteint d’une parasomnie.

Au-delà de cet incident, la présidence de Deschanel est marquée par d’autres comportements étranges, tels que des accès de confusion et des apparitions nocturnes en tenue légère. Ces événements ont rapidement alimenté les rumeurs et suscité des questions sur sa capacité à gouverner.

Il est important de noter que Deschanel souffrait en réalité de parasomnies, des troubles du sommeil qui, à l’époque, n’étaient peut-être pas suffisamment compris ni pris en charge.

Les parasomnies sont des troubles du comportement qui surviennent pendant le sommeil, entraînant des actions involontaires comme le somnambulisme. Elles peuvent être déclenchées par divers facteurs, dont le stress et certains médicaments.

Confronté à ces défis et conscient des implications de ses troubles du sommeil sur sa fonction, Deschanel présente sa démission le 21 septembre 1920, après seulement sept mois en fonction. Il est alors interné dans une clinique où son état de santé est examiné. Clemenceau, commentant l’incident avec ironie, dira : “Ils craignaient un gâteux, ils l’ont eu quand même !”.

L’expérience de Deschanel à l’Élysée illustre comment une négligence dans la prise en charge des troubles du sommeil peut avoir des conséquences imprévues sur la vie politique.