SÉRÉNITÉ INTÉRIEURE
La section de ‘HOUKAT énumère les lois de la vache rousse et de l’impureté au contact d’un cadavre.
Elle rapporte aussi le cas d’un ustensile en argile qui se trouve être dans une pièce où il y a un mort. Cet ustensile en argile peut devenir impur s’il n’a pas de couvercle parce qu’il ne peut pas devenir impur de l’extérieur, seulement de l’intérieur. Donc s’il n’a plus de couvercle, il devient impur parce que la pureté rentre à l’intérieur et le rend impur. Mais s’il a un couvercle et s’il est bien fermé, cet ustensile reste pur.
Que veut nous apprendre la Torah ? L’argile représente symboliquement l’homme. Adam, en effet, le premier homme est appelé ainsi car créé à partir de la Terre, l’argile, Adama en hébreu. Et c’est ensuite que D.ieu lui a insufflé une âme pour le rendre un être vivant (Bérechit, 2,7).
À travers cette loi sur l’ustensile d’argile qui contracte l’impureté, la Torah nous enseigne ainsi que l’homme ne peut être impur que de l’intérieur et non pas de l’extérieur.
La notion d’impureté est uniquement spirituelle. Dans la réalité, concrètement, elle peut signifier angoisse, anxiété, idées noires, pensées négatives…
Ce qui revient à dire que si l’homme déprime parfois devant des situations anxiogènes (symbolisées ici par le cadavre) ce n’est pas à cause du contexte (l’extérieur), mais en raison d’éléments qui ont trait à son for intérieur, sa personnalité. Les raisons évoquées ne sont que la partie émergée de l’iceberg. C’est finalement son histoire, son caractère, ses traumatismes, ses souffrances refoulées qui le rendent “impur”, autrement dit sujet à la tristesse et à la mélancolie.
On protège l’ustensile en argile des impuretés en posant un couvercle.
Aussi, pour se protéger des pensées négatives et de la tristesse, autrement dit pour conserver son moi intérieur, on a tout intérêt d’ériger des barrières autour de nous.
Ces barrières, ce sont les 613 Mitsvot. C’est-à-dire que ce couvercle, pour le judaïsme, c’est la Torah.
Ce n’est pas seulement en plaçant des fils de barbelés ou en construisant un mur que l’on se protège des forces extérieures. Une haie protectrice spirituelle est aussi nécessaire pour combattre les influences néfastes et l’amertume : « Ceci est la parole de l’É-ternel à Zorobabel : Ni par la puissance ni par la force, mais bien par mon esprit ! dit l’Éternel-Cebaot » (Zacharie, 4,6). Ce n’est pas par la force que l’on se protège, mais par l’esprit, dit HACHEM au prophète. L’esprit de la Torah nous préserve de l’influence des croyances étrangères.
C’est d’ailleurs en gardant la Torah que les juifs ont pu rester un peuple en exil. Ils ont été expulsés de leur terre et démunis du Temple de Jérusalem, si bien que la diaspora aurait pu être délétère pour eux. Mais, en entretenant des liens affectifs et culturels via la Torah, les juifs ont pu conserver leurs identités par-delà les frontières.
Lorsque les Grecs dans les années 160 avant notre ère ont voulu attaquer la nation juive, ils se sont dit : on ne va pas les attaquer de l’extérieur, on ne va pas prendre des armes. Le mieux c’est de les empêcher d’étudier la Torah, afin de les déstabiliser en touchant l’essence même du juif, leur for intérieur, ce qui construit leur personnalité, à savoir, Torah et Mitsvot.
Antiochus Épiphane décrète alors une hellénisation du Royaume, interdisant aux juifs de pratiquer leur religion. Il avait compris que sans la Torah, les juifs sont vulnérables. La résistance des Hasmonéens, une famille de prêtres, a permis le miracle de ´Hanouka, victoire des juifs sur cette tentative d’acculturation forcée. Le Temple a pu être rétabli et les juifs retrouver leur sérénité.
Psychiatre – addictologue