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LE RÔLE DE LA FEMME DANS LE JUDAÏSME

A l’occasion de la paracha de Nasso que nous lisons ce Chabbat qui traite de la SOTA , la femme adultère, il m’a paru nécessaire de rappeler le rôle fondamental de la femme dans le judaïsme. Rôle loin d’être négligeable.

La Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes a été instaurée le 25 novembre 1999 par l’Organisation des Nations Unies (ONU). La date du 25 novembre a été choisie en mémoire des trois sœurs Mirabal, militantes dominicaines brutalement assassinées sur les ordres du chef d’État, Rafael Trujillo.

Comment la Torah perçoit le rôle de la femme dans le judaïsme ?
La Paracha de ´Hayé Sarah raconte le premier mariage juif, celui entre Isaac et Rebecca.
Avraham, convaincu de l’importance de trouver une épouse de qualité pour son fils, missionne son serviteur Eliézer en prenant soin de lui donner toutes les consignes nécessaires pour faire le bon choix.

Les textes bibliques et talmudiques abondent de commentaires élogieux à propos de la femme. Le Rabbi de Loubavitch (1902-1994) a toujours insisté sur le rôle très important de la femme dans un foyer juif. Au sujet de son épouse, la Rabbetsen ´Haya-Mouchka, il disait que le temps passé avec elle était aussi précieux à ses yeux que mettre les Téfilines.

Lorsque HACHEM s’adressa au peuple juif au moment du Matane Torah (don de la Torah), Il ordonna à Moché : « Ainsi tu diras à la Maison de Jacob et parleras aux enfants d’Israël. » (Chémot 19,3). La maison de Jacob, ce sont les femmes, les enfants d’Israël, les hommes, dit Rachi dans son commentaire, tout en précisant : « Tu diras ainsi dans ce langage et dans cet ordre », à savoir que D.ieu a demandé à Moché de s’adresser d’abord aux femmes et seulement ensuite aux hommes. Ce qui est surprenant lorsqu’on sait que les femmes ne sont pas soumises à toutes les Mitsvot (commandements) de la Torah, notamment celles qui dépendent du temps.

En réalité, HACHEM a voulu donner priorité aux femmes car elles sont, selon les Sages AKÉRETE HABAÏTE, les actrices principales du foyer. Autrement dit, la femme est l’âme, la NÉCHAMA de la maison familiale. L’amour qu’elle porte naturellement à ses enfants contribue directement à la structure spirituelle du foyer. Même les patriarches, Avraham, Isaac et Jacob n’ont pas œuvré seuls. Leur mission exigeait la collaboration d’une femme digne d’être la Mère du peuple d’Israël. Respectivement Sarah, Rebecca, Rachel et Léa. Chacune a participé activement à l’élaboration du peuple juif.

La femme garantit la pratique du judaïsme et l’homme l’étude de la Torah. Sans exclure cependant que la femme a le devoir d’étudier les lois juives la concernant et l’homme, pratiquer ce qu’il étudie. La pratique et l’étude, l’un ne va pas sans l’autre. D’où l’intérêt de mutualiser les rôles de chacun, celui de la femme et celui de l’homme. Il va sans dire que l’étude doit conduire à la pratique et vice-versa, la pratique à l’étude pour mieux appréhender le sens des Mitsvot.

On comprend maintenant la réponse des enfants d’Israël au moment où HACHEM leur propose de recevoir la Torah : NAASSÉ VÉ NICHMA, nous ferons et nous comprendrons. D’abord la pratique des Mitsvot (symbolique de la femme) et ensuite l’étude de la Torah (symbole de l’homme) pour en comprendre la signification.
La sainteté de la maison juive dépend donc grandement de la femme. C’est elle en effet qui garantit les trois piliers incontournables du foyer :
– Cacherout
– Chabbat
– Nidda

Son discernement aussi est plus développé que celui de l’homme comme nous l’apprend ce verset de la Genèse au sujet de la création de la première femme, ‘Hava : « L’Éternel -D.ieu édifia en femme la côte qu’il avait prise à l’homme…» (Bérechit 2, 22). Pour décrire la création de la femme, la Torah emploie le terme VAÏVÉNE, CONSTRUCTION, qui en hébreu s’apparente à BINA, bon sens, intuition. Les Sages déduisent de là, que D.ieu a doté la femme d’une plus grande intuition que l’homme. D’où le conseil qu’HACHEM émet à Avraham : « Pour tout ce que Sarah te dit, écoute sa voix…» (Bérechit 21,12). Et le Rabbin Elie Munk de commenter : « Écoute la voix de Sarah, obéis-lui, même si son propos ne trouve pas ton agrément ; fie-toi à elle, car elle ressent mieux la vérité ; les femmes possèdent en général une vue plus juste des nuances de caractère ». (Kol Hatorah)

Autre explication de l’emploi de VAÏVENE, CONSTRUCTION, pour décrire la création de la femme : c’est pour nous apprendre qu’une femme vertueuse (ÉCHET ´HAÏL) construit sa maison et peut par ses actes et son discernement contribuer à une atmosphère spirituelle sécurisante pour tous les membres de sa famille.

Il est écrit aussi dans ce même livre de la Genèse :
« L’É-ternel -D.ieu dit : il n’est pas bon que l’homme soit solitaire ; je lui ferai une aide à ses côtés. » (Bérechit 2,18)
La Torah indique clairement ici que la femme est le complément idéal de l’homme. L’aide à ses côtés signifie que la femme n’est pas l’ombre de son mari ou son esclave, méprisée, objet de la tyrannie de son époux. Elle est sa collaboratrice, indispensable et que rien au monde ne peut remplacer.

Par conséquent, tout acte de violence envers les femmes est non seulement inhumain, impensable, inimaginable mais également incompatible avec l’esprit de la Torah, contre-productif tant sur le plan matériel que spirituel.

On peut donc retenir en conclusion que l’homme et la femme ont chacun un rôle spécifique dans le judaïsme.
Homme et femme, l’un apporte à l’autre ce qui lui manque. Néanmoins, la Torah met en avant leurs spécificités et complémentarités, en encourageant le couple homme-femme à la mutualisation, autrement dit la mise en commun des moyens et le partage.

Dr. Gilles UZZAN
Psychiatre – addictologue