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Médecine et Spiritualité dans le Judaïsme

Le psychiatre Carl Gustav Jung disait que le spirituel est un élément essentiel de la vie psychique. Il considérait que les crises, les bouleversements et la maladie ne surgissent pas par hasard, mais nous servent d’indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations, expérimenter un autre chemin de vie.

La maladie serait ainsi un rappel (non une punition) de notre être pour nous indiquer la direction à prendre dans notre existence. La guérison passerait par cette compréhension et les changements qu’elle impose dans notre mode de vie, nos fonctionnements, nos pensées et nos décisions qui nous feraient (re)prendre notre chemin de vie, celui qui est nécessaire à notre mission.

Par exemple, la Torah parle de la Lèpre (Metsora). Il s’agit en fait d’une maladie spirituelle provoquée par la médisance (voir ce qu’il advint à Myriam lorsqu’elle parla « mal » à propos de son frère Moïse).

Aussi, contracter la maladie de METSORA est un message de la Providence pour nous alerter sur la médisance. Une alerte, pas une punition. METSORA en hébreu s’apparente en effet à MOTSÉ RAH, c’est-à-dire sortir, dire du mal.

Pour le laïc, l’Énergie spirituelle est une sorte de vitalité qui est de l’ordre de l’esprit, considérée comme distincte de la matière.

Pour le judaïsme, l’Energie spirituelle, c’est Hachem, le Créateur de l’Univers.

D.ieu nous a donné la Torah à l’intérieur de laquelle est dissimulée toute la spiritualité de l’Univers.

La Torah est donc une source d’Énergie spirituelle. Chaque lettre de la Torah contient une dose de vitalité spirituelle qui ravive notre âme.

« Tous les hommes reçoivent leur vitalité de la Torah, y compris ceux qui ne l’étudient pas. Même les nations du monde prennent leur vitalité de la Torah. Et aussi les mécréants… » (Rabbi Na’hman de BRESLEV, Mechivat Nafech)

Pour le judaïsme, la Torah est l’âme de l’Univers.

L’âme se nourrit de la Torah. Néanmoins, il se peut que la connexion spirituelle soit coupée.

La peur, le stress, le jugement, le raisonnement, la lutte pour la survie, les pensées négatives, les idées noires empêchent l’étude de la Torah et par conséquent l’accès à la spiritualité.

C’est là où intervient la médecine spirituelle. Cette dernière est basée sur une compréhension globale de l’être humain en tant que Corps, Âme et Esprit. C’est une médecine naturelle qui fusionne spiritualité et médecine traditionnelle. Elle permet de guérir par la simple imposition des mains. Elle nous apprend comment rétablir le lien avec la spiritualité.

Car nous sommes dotés d’un Corps, d’une Âme et d’un Esprit.

Les affections somatiques touchent le corps.

Les maladies psychiatriques l’esprit.

Quant à l’âme, elle est le remède de la maladie, porteuse de tous les éléments « nutritifs » nécessaires au maintien de la vie et à la guérison.

La santé et la maladie résultent d’un équilibre complexe entre le corps et l’esprit, entre l’organisme et les pensées.

Le principe est de se relier à la spiritualité, nourriture de l’âme, afin que celle-ci se trouve renforcée et apte à véhiculer la guérison.

La médecine spirituelle nous enseigne que la glande hypophyse est la partie la plus importante de notre système nerveux. C’est une glande endocrine de la taille d’un raisin, localisée à la racine du nez, entre les deux yeux.

Elle a une fonction physiologique fondamentale, car elle stimule toutes les principales glandes endocrines de l’organisme. C’est un chef d’orchestre hormonal.

Sans l’hypophyse, les glandes ne fonctionnent pas. C’est donc une glande maîtresse.

Indirectement, l’hypophyse intervient aussi dans le travail émotionnel.

Toujours selon les principes de la médecine spirituelle, l’hypophyse est également essentielle à la canalisation de l’énergie spirituelle. C’est une antenne permettant la connexion avec l’univers spirituel, source d’énergie vitale et de guérison.

L’activation de l’hypophyse permet la communication avec l’énergie spirituelle de guérison.

L’hypophyse est donc un portail de communication entre deux espaces normalement séparés : matériel et spirituel. Une fois ouverte, l’hypophyse les fait communiquer, engendrant un sentiment de paix profonde, une fusion avec l’univers.

Pour activer l’hypophyse, la médecine spirituelle préconise de travailler à se libérer de ses préjugés et ses jugements, car ceux-ci ferment la porte à la réceptivité des énergies spirituelles. Il faut également s’atteler à éliminer les pensées négatives qui prennent souvent une place considérable dans notre esprit. Et enfin, terminer par une séance de respiration abdominale : respirer par le ventre pendant 2 à 4 minutes pour calmer et maîtriser le mental et ainsi apaiser les émotions.

Une fois ce travail psychique effectué, l’hypophyse activée est capable de capter l’Énergie spirituelle. Cette dernière nourrit l’âme, outil nécessaire à la guérison.

L’Énergie spirituelle est invisible, mais cela n’exclut pas son existence. Prenons l’exemple de la vapeur, invisible elle aussi. En ajoutant de l’énergie (du froid), nous ralentissons la vibration moléculaire et la vapeur devient eau et donc visible. Nous pouvons continuer le ralentissement de la vibration moléculaire et nous obtenons de la glace. La vapeur est invisible, mais existe bel et bien, elle devient visible en ralentissant sa vibration.

Aussi, en prenant conscience de l’Énergie spirituelle et en y rajoutant une charge émotionnelle, elle devient réalité visible.

Plus on croit en l’Énergie spirituelle, plus on la concrétise et on la matérialise et plus on lui confère son pouvoir de guérison.

Comme nous l’avons dit, dans le judaïsme, l’Énergie spirituelle est le BORÉ OLAM, le Créateur de l’Univers, Hachem.

Et comme il n’est pas possible de se connecter directement au Divin, Hachem a mis toute son Énergie spirituelle dans la Torah. À nous maintenant d’aller la puiser à travers les mots, les lettres, les couronnes (Taguim)…

En mettant les préjugés, les jugements et les idées négatives de côté comme le préconise la médecine spirituelle, on vide l’esprit de tout ce qui l’encombre et on ouvre notre glande hypophyse. Celle-ci est de nouveau capable de se connecter avec l’Énergie spirituelle de l’univers, autrement dit pour le judaïsme, avec la Torah.

Ainsi, l’accès à la Torah est conditionné à une véritable introspection. Se débarrasser des a priori, des jugements de valeur, des rancunes, des critiques, des rancœurs avant de se mettre à l’étudier.

La Torah ouvre ses canaux spirituels à qui sait créer un espace vide, neutre, sans idées préconçues sur qui que ce soit.

« Voici la Torah que Moïse a placée (SAM en hébreu) devant les Enfants d’Israël ! » (Deut. 4,44)

Le Talmud (Yoma 72b) s’interroge sur cette formulation : pourquoi est-il question d’avoir « placé » la Torah devant les Enfants d’Israël ? N’aurait-il pas mieux convenu que le texte dise « Voici la Torah que Moïse a enseignée aux Enfants d’Israël », par exemple ?

Le mot « SAM – a placé » signifie également en hébreu « une potion », et de conclure : « Celui qui étudie la Torah de façon désintéressée et qui y investit des efforts, la Torah devient pour lui SAM ´HAIM, un “élixir de vie” ». 

La Torah est en effet un remède, un élixir de vie pour celui qui l’étudie en ayant pris soin auparavant d’éliminer tout préjugé. Car, de cette façon, on ouvre notre esprit et on se connecte à l’Énergie spirituelle qu’elle renferme. Cette connexion s’effectue selon la médecine spirituelle par l’intermédiaire de l’hypophyse, chef d’orchestre du système hormonal et responsable de ce fait des émotions.

« …c’est Moi, l’É-ternel ton médecin. » – (Exode 15, 26)

Hachem est le remède universel.

Il procure une guérison qui ne dépend pas des efforts de l’homme dans le domaine de la médecine, dans l’accès à tel matériel médical, à telle technologie ou à tel traitement. Il s’agit d’une guérison qui fait appel à l’Énergie spirituelle que l’on va puiser dans les mots de la Torah après avoir fait l’effort de connexion en éliminant d’abord notre ego.

On surnomme souvent la Torah TORAT ‘HAIM, TORAH DE VIE. Car la puissance spirituelle qu’elle déverse nourrit notre âme, octroyant à celle-ci son pouvoir de guérison.

Pour la médecine spirituelle (comme d’ailleurs le judaïsme), l’Esprit, l’Âme et le Corps, bien que différents de nature, sont de la même essence. Le célèbre philosophe, conférencier d’enseignement spirituel, Omraam Mikhaël Aïvanhov (1900-1986) explique avec détail cette idée dans un de ses fascicules : L’Âme, instrument de l’esprit, je cite : « Ce qui diffère, c’est le degré de matérialisation : le corps, c’est l’esprit condensé ; l’esprit, c’est le corps subtilisé ; et l’âme est intermédiaire entre les deux. Prenons le cas de l’eau. On la trouve à l’état liquide mais aussi à l’état solide (la glace), ou bien à l’état gazeux (la vapeur). C’est toujours de l’eau, mais à l’état plus ou moins subtil sous l’effet de la chaleur. La glace est solide, mais ce n’est qu’une apparence ; en réalité elle est de nature plus subtile, puisqu’elle peut redevenir liquide ou vapeur. Le Corps, l’Âme et l’Esprit sont donc une même substance, mais à l’état plus ou moins condensé ou subtil… Néanmoins, c’est l’âme qui a la propriété d’animer le corps et l’esprit. C’est elle qui déclenche la circulation des énergies ».

Ce concept est rapporté dans La Torah : « L’E-ternel D.ieu modela l’homme, poussière de la terre ; il souffla dans ses narines un souffle de vie (la NÉCHAMA, l’âme). L’homme devint alors une personne vivante. » (Bérechit 2,7)

C’est seulement lorsque D.ieu a introduit l’âme, la NÉCHAMA au premier homme, que ce dernier s’est éveillé à la vie. Avant cela, il n’était qu’un amas de terre.

Ce terme de NÉCHAMA est spécifique à la création de l’homme. Pour les animaux, la Torah emploie NÉFECHE. L’animal aussi est doté d’une âme. Cependant, il s’agit d’une âme végétative (NÉFECHE). Mais l’âme de l’homme, la NÉCHAMA, est plus vivante que toutes, car il lui a été ajouté la conscience et la parole (Rachi) qui symbolise l’esprit.

Par conséquent, chez l’homme l’âme, la NÉCHAMA, nourrit non seulement le corps mais aussi l’esprit.

En médecine spirituelle, l’esprit correspond à la tête, le corps à la région du ventre et de l’estomac et l’âme aux deux bras. L’âme a deux fonctions : projeter vers le haut et attirer vers le bas.

Omraam Mikhaël Aïvanhov décrit parfaitement ces deux processus : « Ils sont représentés par la lettre hébraïque Aleph. Cette lettre, dit-il, résume l’activité de l’âme. L’âme est l’intermédiaire entre le ciel (esprit) et la terre (corps) : elle dirige vers le ciel les courants de la terre et attire sur la terre les courants du ciel. L’âme est donc polarisée, elle est faite de deux courants qui, dans le corps physique, sont représentés par les deux mains…» Notion déjà mentionnée par le roi David dans les psaumes : « Mon âme est en permanence entre mes mains… » (Téhilim 119,109).

L’âme agit donc sur l’esprit et sur la matière. L’esprit ne peut atteindre la matière ni la matière agir sur l’esprit sans l’action de l’âme. C’est pourquoi l’âme est représentée par les mains, symboles de l’action.

L’homme fait tout par les mains, par l’âme. La médecine spirituelle utilise d’ailleurs l’imposition des mains pour guérir.

Intégrer le pilier spirituel dans notre panel thérapeutique apparaît à mon humble avis plus que nécessaire. La médecine traditionnelle a son importance et ne doit pas être négligée, mais elle a ses limites. Surtout lorsqu’il s’agit de traiter les états névrotiques : angoisse, phobies, stress chronique et les maladies psychosomatiques.

Je tiens à préciser que spiritualité n’est pas forcément synonyme de religion et de dogmes.

Certes pour le judaïsme, il s’agit de D.ieu et Sa sagesse, à savoir la Torah. Mais, la médecine spirituelle se veut plus universelle. Car tous les patients ne se retrouvent pas toujours dans un contexte religieux et cela ne leur parle pas : « Le terme de spiritualité recouvre des concepts qui ne sont pas obligatoirement impliqués par ce qui dépend de la religion…» (Dr Geneviève Ziegel, psychiatre-homéopathe, Homéopathie et spiritualité). Entamer un travail d’introspection afin d’éliminer les idées négatives, les jugements et les préjugés est déjà une démarche spirituelle en soi.

Pour le judaïsme, il est vrai, le travail ne s’arrête pas là. Une fois s’être débarrassé des préjugés et avoir effectué « son ménage intérieur », on se tourne vers la Torah, la sagesse Divine pour y puiser l’Énergie spirituelle et ainsi alimenter notre âme, instrument obligé de la guérison : « Celui qui ressent une douleur dans tout son corps devra s’engager dans l’étude de la Torah, comme il est dit qu’elle est (Proverbes 4,22) « un gage de santé pour tout le corps » » (Érouvin, 54a).

Se languir pour cette étude est aussi très conseillé. « Mon âme soupire et languit après les parvis de l’É-ternel, mon cœur et ma chair poussent des cris vers le D.ieu vivant. » (Téhilim, 84,3).

« Le soupir de l’homme est très précieux, grâce à lui, on fait venir le souffle de vie (allusion à la Torah) », écrit Rabbi Nathan dans Likouté Etsot. Ce soupir équivaut en médecine spirituelle à la respiration abdominale.

Rabbi Nathan insiste par ailleurs sur l’importance du Maître dans ce processus : « Ce souffle de vie, on le reçoit du Maître, l’enseignant, car ce dernier attaché à la Torah est porteur du souffle de vie ». Autrement dit, ne pas se contenter d’étudier seul mais s’attacher à un Maître qui a l’expérience de l’étude et qui par conséquent est à lui seul une “Torah vivante”. Le Maître est quelque part celui qui va transmettre cette énergie spirituelle pour apporter la guérison tel un médecin avec son patient, comme l’illustre ce passage du Talmud (Bérakhot, 5b) : « Rabbi ´Hiya Bar Abba tomba malade. Rabbi Yokhanan vint pour lui rendre visite et lui dit : Les souffrances te sont-elles chères ? Es-tu prêt à les accepter de plein gré ? Non, répondait-il, je ne veux ni ces souffrances ni leurs récompenses. Alors Rabbi Yokhanan lui dit : donne-moi ta main. Il la lui tendit et fut rétabli. »

Cela signifie que Rabbi Yokhanan, imprégné de spiritualité grâce à l’étude de la Torah et donc du souffle de vie, a été capable de guérir Rabbi ‘Hiya en lui transmettant par les mains l’énergie spirituelle de guérison.

La lettre KAF en hébreu fait partie des lettres à forme double : le Kaf au milieu d’un mot et le kaf final à la fin d’un mot. KAF en hébreu, se traduit par PAUME DE LA MAIN. Les deux formes de la lettre KAF font allusion au fait que la Torah a été donnée « de main en main », c’est-à-dire de la main d’Hachem aux mains de Moïse. La transmission de l’Énergie Spirituelle s’accomplit par les mains.

« La Torah de D.ieu est parfaite, elle ramène (ravive) l’âme… » (Téhilim,19,8). Pour le judaïsme, la Torah englobe toute l’Énergie spirituelle de guérison nécessaire à l’âme humaine. Il suffit ensuite d’aller la chercher par une étude quotidienne. Comme il est dit à propos de Josué, élève et successeur de Moïse : « Que ce rouleau de la Torah ne quitte pas ta bouche ; médite-le jour et nuit… Sois fort et énergique ! » (Josué 1,8 et 9)

Josué a su annuler tous les préjugés, a mis son ego de côté et s’est attaché à Moïse, à savoir au souffle de vie de l’époque. En cela, il a hérité de la succession et est devenu un Maître pour le peuple juif. D.ieu lui conseilla de poursuivre ce travail en étudiant la Torah sans relâche, afin de garder sa force et son Énergie spirituelle pour la transmettre à son tour aux futures générations.

Certes, la médecine spirituelle tire son origine d’anciennes pratiques ancestrales. Néanmoins, elle a toujours été pratiquée chez les juifs comme le confirment la Bible et le Talmud.

Albert Einstein affirmait lui-même que tout est ÉNERGIE. Il considérait que l’être humain est l’expression de l’énergie qui a ralenti pour se cristalliser et prendre corps dans la matière. Pour Albert Einstein, il suffit de se brancher à la fréquence de cette ÉNERGIE pour l’avoir.

En réalité, il existe une quantité illimitée d’Énergie. L’univers spirituel (en l’occurrence pour le judaïsme, D.ieu, via la Torah) attend impatiemment que nous prenions conscience de sa présence. Il n’attend qu’un signe pour nous aider davantage à avancer sur le chemin de notre expérience humaine.

Dr. Gilles UZZAN
Psychiatre – addictologue