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En ce temps de guerre en Israël, prenez le temps d’écouter les enfants !

Par le Dr. Patrick BANTMAN

Vendredi 13 octobre au matin, après près d’une semaine depuis le déclenchement de l’attaque du Hamas, nous avons, à la demande de la cellule de crise de l’OSE, rencontré les enfants de deux classes à Yavné, collège et lycée juif à Paris, avec près de 1000 enfants. Les enfants sont souvent oubliés en cette période de drames, et nous étions heureux d’aller à la rencontre d’élèves de 4e et de 2nde.
Le but était d’apaiser et d’écouter les élèves… Il est à noté que beaucoup ne sont pas venus ce jour, considéré comme un vendredi « noir »dans la riposte musulmane liée aux événements. Dans les deux classes, des questions similaires ont été posées sur le risque de survenue de violence en France, voire sur l’attitude à adopter…
Pour les enfants de 4e, tous avaient de la famille en Israël, et y séjournaient à de nombreuses reprises. Tous ont déclaré suivre fréquemment toutes les actualités, y compris, sauf exception les images de violence sur BFM, i24 News, CNews, Tik Tok ou Instagram… apparemment sans contrôle parentaux, ni reprise par des discussions en famille. Certains ont de la famille en Israël et exprime des craintes pour eux. Ils ont pour quelques-uns visionné des scènes violentes sur le réseau. Un s’en est particulièrement vanté, sans en avoir par la suite, dit-il des inquiétudes ou angoisse. Certains ont raconté la peur de leurs parents, ou la leur, pour des membres de la famille rappelés comme réservistes, dont ils sont sans nouvelles. Ils ont tous fait des récits d’actes à caractère antisémite antérieurement, qu’ils ont subi, survenus lors du trajet, ou a proximité de l’école et redoutent l’intensification d’actes du même genre, liés à la situation au Proche-Orient.
Dans la classe de 2nde il y avait beaucoup plus d’absents, presque une vingtaine. La plupart des présents regardent et suivent l’actualité en Israël par la télévision et les réseaux. Ils semblent plus critique de la situation, que les élèves de 4e, et peut-être plus enjoués. Ils analysent l’information reçue parfois avec pertinence et critique. Certains suivent plutôt des médias comme « Hugo décrypte », voire n’ont plus les applications, car bloquées sur leur smartphone… Ils s’envoient aussi des fakes news qu’ils font pour plaisanter… Ils expriment beaucoup de récits et de « parano » vis à vis d’agressions à caractère antisémite survenues. Un des élèves a eu de ses parents un coup de poing américain, et une bombe lacrymogène, pour se défendre, mais on ne lui a pas montré comment s’en servir, ni informé du risque d’avoir une arme prohibée. Ils décrivent des situations, ou les parents inquiets sont suspendus au téléphone avec des proches en Israël. Certains analysent avec perspicacité aussi les origines du conflit historique entre juifs et arabes… Certains évoquent enfin la Shoah pour dire qu’il a y eu « plus de morts en un jour en Israël ».
D’autres constatent avec inquiétude l’impuissance des parents. « Est-ce qu’un traumatisme de cette nature peut vous marquer à vie ? » demande l’un d’eux.
Nous avons été surpris de la facilité et de la simplicité de ces rencontres initiées par l’OSE, à la demande de la direction, qui nous a chaleureusement reçu et remercié. Presque tous les élèves sauf quelques-uns dans la classe de 2nde ont levé la main pour participer. C’était pour la plupart semble-t-il, la première fois qu’ils avaient la parole sur les événement en Israël et à Gaza. Nous aurions pu continuer longtemps…
La question qui nous vient est qu’en est-il des parents dépassés par ces événements si dérangeant ?
Il serait pourtant si précieux de partager ces émotions et ces questions en famille !