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CONSOLATION

La section de Vaët’hanane est toujours lue entre deux Chabbat spécifiques : Chabbat ‘Hazone et Chabbat Na’hamou.
– Chabbat Hazone (le chabbat de la vision) est le chabbat précédant (ou coïncidant quelquefois avec) le jeûne du 9 av (TICHA BÉAV). 
Il est ainsi nommé du fait de sa haftara (section des Livres prophétiques), ´Hazone Yeshayahou ben Amotz (« Vision d’Isaïe fils d’Amotz ») dans le chapitre 1 du Livre d’Isaïe.
– Chabbat Na’hamou est le Chabbat suivant immédiatement le TICHA BÉAV, appelé ainsi du fait de sa haftara qui débute par les mots : Na’hamou, Na’hamou AMI, c’est-à-dire consolez, consolez mon peuple… qui vient apporter la consolation après la période de la destruction du Temple.

Dans la haftara du Chabbat ‘Hazone, il est question de la débauche future du peuple d’Israël, qui malheureusement engendrera par la suite la destruction du Temple de Jérusalem.
Le second Temple a été détruit à cause de la haine gratuite. Or, cette dernière est souvent sous-tendue par une « vision » erronée, un regard inexact, un jugement incorrect sur l’autre. Une opinion que l’on se fait sans même avoir de preuves.
Vient alors ce Chabbat ´Hazon, ce Chabbat de la « vision » pour nous rappeler qu’il ne faut pas juger notre prochain d’après nos yeux, sans tenir compte du contexte sous peine de le haïr. C’est une invitation à ne pas tomber dans le piège de la supposition.

Il ne faut pas hésiter lorsqu’on est en conflit avec une personne d’aborder les choses librement et de lui confier nos ressentis sur des comportements qui auraient pu nous blesser.
Favoriser le dialogue, se parler, échanger, se poser les bonnes questions, tenter de se comprendre, parce qu’on a toujours tendance à juger, à regarder les autres selon notre propre échelle de valeurs.

Mais finalement, pour comprendre l’autre, pour porter un regard positif sur l’autre, il est toujours mieux, et la Torah nous le conseille, de se baser sur l’échelle de valeurs de la personne concernée.
C’est ce qu’on appelle en psychiatrie, de l’empathie. C’est-à-dire cette capacité à comprendre l’individu en se mettant à sa place sans préjugés. Ne pas faire foi des rumeurs.

Le Chabbat Na’hamou qui suit le jeûne du TICHA BÉAV est celui de la consolation. HACHEM veut justement nous montrer qu’il y a toujours possibilité de se consoler même après une catastrophe nationale comme celle de la destruction du Temple. Et ce en portant un regard positif sur ce malheureux événement. Par extension, c’est un appel à l’indulgence et à la tolérance.

C’est ce regard positif qui nous laisse entrevoir l’espoir d’une reconstruction tant à l’échelle nationale qu’individuelle.
En instituant ce Chabbat Na’hamou, les sages nous invitent à prendre exemple sur D.ieu. Poser un regard de consolation envers son prochain, un regard constructif, un regard empathique. Remplacer la haine gratuite par l’amour gratuit.

Dans la Paracha de Vaët’hanane, nous lisons la première partie du Chéma Israël où il est écrit : « Et tu aimeras ton D.ieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tous tes moyens ».
Le Rabbi de Loubavitch nous enseigne dans son livre Hayom Yom que « tu aimeras ton prochain comme toi-même » est en fait un commentaire et une explication de « tu aimeras l’éternel ton D.ieu ». C’est-à-dire que lorsque l’on aime son prochain, on aime D.ieu. Lorsqu’on aime l’autre, on aime D.ieu car chaque être humain porte en lui une étincelle de divinité.

Ainsi lorsqu’on aime son prochain, lorsqu’on apprécie la partie profonde de son être, grâce justement à cette « vision », ce regard positif et constructif que l’on porte sur lui, on témoigne ainsi d’un amour pour D.ieu.
Autrement dit, l’altruisme est finalement la meilleure façon d’aimer D.ieu.

Dr. Gilles UZZAN
Psychiatre – addictologue