
Les secrets de sommeil de Maimonide, confirmés huit siècles plus tard par la science
Les secrets de sommeil de Maimonide, confirmés huit siècles plus tard par la science.
Imaginez-vous au XIIᵉ siècle. Pas d’électricité, pas de laboratoires, pas de chronobiologie. La médecine repose encore sur la théorie des humeurs héritée d’Hippocrate et de Galien. Dans ce monde médiéval, un médecin juif d’al-Andalus, Moïse Maimonide (1138-1204), rédige son Régime de santé. Plutôt que d’invoquer les astres ou les humeurs, il conseille déjà une hygiène de vie faite de régularité, de modération et de calme intérieur.
À l’époque, cela paraissait loin d’être évident. Dormir à heures fixes ? Éviter les repas lourds ? Faire de l’exercice quotidien ? Beaucoup de ses contemporains n’y voyaient aucun lien avec la santé. Et pourtant, neuf siècles plus tard, la recherche scientifique confirme l’intuition du médecin-philosophe.
Dans ses écrits, on retrouve une série de recommandations :
• se lever et se coucher à heures régulières,
• dormir suffisamment mais sans excès,
• éviter les repas copieux avant le coucher,
• pratiquer une activité physique modérée,
• cultiver la paix intérieure pour préparer le sommeil.
Ces conseils, rédigés à une époque sans connaissances en neurosciences ni en physiologie, relèvent d’une étonnante prescience.
En 2020, une équipe israélienne a publié une revue intitulée The Maimonides Model for a Regimen of Health (Segal I. et al., Rambam Maimonides Medical Journal, 2020). Leur analyse met en parallèle les intuitions de Maimonide et les données actuelles de la recherche médicale :
• Rythmes réguliers : la chronobiologie démontre que des horaires fixes renforcent l’horloge circadienne, améliorant le sommeil et réduisant le risque de diabète, d’obésité et de dépression.
• Durée de sommeil équilibrée : de grandes études épidémiologiques montrent qu’un sommeil insuffisant (<6h) ou excessif (>9h) est associé à une augmentation de la mortalité cardiovasculaire. Maimonide parlait déjà de “juste mesure”.
• Repas légers le soir : la science confirme qu’une digestion lourde perturbe l’endormissement et la qualité du sommeil profond.
• Exercice physique modéré : validé aujourd’hui comme facteur majeur de prévention des maladies cardiovasculaires, du diabète et de certains cancers.
• Calme de l’esprit : les neurosciences ont montré que la méditation, la prière ou la respiration lente réduisent le cortisol, hormone du stress, et facilitent l’endormissement.
Ce qui étonne, ce n’est pas seulement la justesse de ses conseils, mais leur contexte. Dans un monde où l’on croyait que la santé dépendait de forces invisibles, Maimonide prônait déjà une vision empirique, presque moderne, de la prévention. Il avait compris que notre mode de vie façonnait notre santé, bien avant que la médecine scientifique ne le démontre.
En réalité, Maimonide ne nous donne pas des recettes miracles, mais une philosophie de vie : discipline, équilibre, mesure. Des règles simples, qui résonnent dans notre monde saturé d’écrans, de travail nocturne et de surconsommation.
Relire Maimonide à la lumière de la science, c’est se rendre compte que parfois, le progrès n’est pas d’inventer de nouveaux gadgets, mais de redécouvrir une sagesse ancienne, validée par la recherche moderne.
JT