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Sarah et le miracle de la fécondité retrouvée

La Torah raconte : « Abraham et Sarah étaient vieux, avancés en âge ; Sarah n’avait plus ce qui est ordinaire aux femmes. » (Genèse 18,11)

Et pourtant, peu après, elle entend l’annonce : « À la même époque, l’an prochain, Sarah aura un fils. » (Genèse 18,10)

Sarah rit : un rire mêlé de surprise et d’incrédulité. Comment, à près de 90 ans, redevenir fertile ?

Les Sages expliquent (Midrash Bereshit Rabbah 48:19) que Sarah retrouva sa jeunesse physique et intérieure. Ses cheveux redevinrent noirs, sa peau se raffermit, et son cycle menstruel réapparut.

Rachi commente : « Les signes de la jeunesse lui revinrent, et elle redevint apte à enfanter. » Ce n’est donc pas seulement un miracle biologique, mais un acte de recréation.

Dieu ne s’est pas contenté d’ouvrir sa matrice — Il a rendu à Sarah le temps qu’elle croyait perdu. Spirituellement, cela signifie que la bénédiction divine transcende les limites naturelles.

La stérilité de Sarah symbolisait l’humanité coupée de la vie spirituelle ; sa grossesse, la renaissance de l’espérance.

D’un point de vue médical, le texte décrit un phénomène aujourd’hui exceptionnel mais pas totalement inconcevable :

  • Des études récentes (Kawamura et al., Nature Communications, 2020 ; Tilly, Science, 2022) montrent que certaines femmes post-ménopausées possèdent encore des cellules souches ovariennes capables de réactivation.
  • Des cas rares de retour de fonction ovarienne ont été observés après certains traitements hormonaux ou immunologiques.

Ainsi, le « rajeunissement » de Sarah peut être lu comme une stimulation hormonale d’origine divine, un bouleversement biologique rendu possible par une intervention miraculeuse sur les lois naturelles.

Sur le plan intérieur, la stérilité représente la fermeture du désir, de l’espérance, du projet de vie.

Le retour du cycle symbolise la renaissance de la vitalité créatrice — la capacité à donner la vie au sens large : vie biologique, mais aussi spirituelle et émotionnelle.

Sarah redevient féconde car elle retrouve la joie et la foi — deux forces psychiques capables de transformer la biologie elle-même.

Les neurosciences modernes confirment que l’état émotionnel influence profondément la physiologie hormonale (axe hypothalamo-hypophysaire, ocytocine, etc.).

Le message universel

Sarah rit parce qu’elle découvre que le temps n’est pas une limite pour Dieu. Et Isaac, Yits’hak, « il rira », portera dans son nom cette vérité : le rire de l’impossible devenu possible.

Références

Lunenfeld et al., Climacteric, 2018 — Hormonal mechanisms of ovarian rejuvenation.

Genèse 17:17 ; 18:10–14 ; 21:1–2
Commentateurs :

Rachi sur Bereshit 18:11

Midrash Rabbah 48:19

Zohar, Lekh Lekha 102b
Sources scientifiques :

Kawamura K. et al., Nature Communications, 2020 — Activation of dormant human ovarian follicles.

Tilly J. L., Science, 2022 — Germline stem cells and the renewal of female fertility.

Docteur Gilles Uzzan
Psychiatre – Addictologue