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Maimonide, le précurseur de la Médecine sportive

Tout le monde connaît le célèbre Maimonide qui fut à la fois talmudiste, philosophe, savant, mais aussi médecin. On oublie trop souvent qu’il a apporté une contribution importante à la médecine en enrichissant les traités de Galien et d’Hippocrate à partir de ses connaissances talmudiques mais aussi des observations qu’il a recueillies en soignant ses milliers de patients.

Rares sont ceux qui savent qu’il est le précurseur de la médecine sportive. Dans son ouvrage Les Aphorismes médicaux de Moïse (Pirke Moshe, seize aphorismes insistent sur le rôle important des activités sportives pour le bien-être physique et psychique), Maimonide y explique le type d’exercice et les conditions dans lesquelles doit avoir lieu la pratique sportive.

L’originalité de Maimonide a été d’insister sur le rôle néfaste de la sédentarité : « Il ne faut pas négliger l’exercice physique pour le corps, comme le font les gens instruits qui étudient assidûment jour et nuit sans aucune gymnastique ». Il résume sa pensée en un aphorisme : « L’immobilité est aussi dissuasive pour le maintien de la santé que l’activité est bénéfique ». Il considère que l’absence d’exercice diminue les forces, entraîne la fonte des muscles et favorise l’obésité. Selon Maimonide, la sédentarité est un facteur d’accumulation de substances toxiques dans les vaisseaux préfigurant la connaissance de l’athérosclérose.

Il explique que l’exercice physique dissout non seulement les choses superflues (les déchets) et les graisses mais il favorise aussi la sudation, l’émission des urines, et cela permet la destruction des substances résiduelles. Maimonide rappelle que l’exercice le mieux réussi « est celui qui favorise l’élimination, de l’organisme, de tous les éléments qui ont été absorbés par les muscles des jambes et qui sont plus durs que la chair » (il doit s’agir là, de crampes musculaires). Il explique par ailleurs que celui qui pratique des exercices physiques tous les jours, avant le repas, ne craindra que faiblement la maladie. L’originalité de Maimonide a également été de rappeler que « l’exercice physique modéré… est bon pour le corps et l’esprit ». Autrement dit, pour Maimonide, l’hygiène de vie passe par l’exercice effectué sans excès, mais régulièrement : le nombre important d’exercices physiques ne doit pas l’emporter sur la qualité de leur réalisation.

Parmi tous les sports, Maïmonide considère que le jeu de ballon est supérieur aux autres car il estime qu’il permet de mettre en mouvement tous les organes tout en permettant de moduler l’intensité de l’exercice en fonction de ses  propres capacités sans danger. Dans sa réflexion, Maimonide recommande la pratique sportive régulière chez les personnes âgées tout en précisant qu’il convient de faire preuve de modération. C’est ainsi qu’il conseille la pratique de la marche pendant quelques minutes après le repas tout en rappelant qu’aucune personne âgée ne doit aller se reposer ni se mettre au calme tant qu’elle ne l’a pas fait. Selon Maïmonide, le sport et les exercices physiques apportent du plaisir mais permettent aussi de soulager ceux qui souffrent de  maladies psychosomatiques.

Maimonide considère aussi que l’activité sportive permet de guérir grâce à son action à la fois sur le corps et sur l’esprit. Il souligne qu’il existe une relation étroite entre la pratique sportive et l’activité cardiaque.  En conséquence, il conseille d’accroitre progressivement l’exercice physique mais surtout de surveiller de près les sportifs en tenant compte de leur aspect, de leur température et de l’importance de leur sudation. Maïmonide recommande enfin de tenir compte de l’horaire de l’exercice sportif et de la température ambiante avant de débuter celui-ci. C’est ainsi qu’il insiste sur l’importance de ne pas faire d’exercice aussitôt après les repas et en cas de grande chaleur ambiante.

Si Maimonide avait été médecin aujourd’hui, nul doute qu’il aurait donné des conseils de qualité aux sportifs qui se préparent aux Jeux Olympiques qui vont avoir lieu à Paris… pour notre plus grand plaisir…

RÉFÉRENCES

SIMON I. Le dix-huitième chapitre des « Aphorismes » Pirqué Moshé de Maïmonide (1135-1204) concernant les exercices physiques. Revue d’His- toire de la Médecine Hébraïque 1978 ; 32, 129 : 43-4.

Talmud J Hamonet C. Maïmonide: un précurseur de la médecine physique et de la santé par l’exercice physique | Journal de Réadaptation Médicale Pratique et Formation en Médecine Physique et de Réadaptation 1986 ;  26 :36-48

Dr. Bruno HALIOUA