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La nouvelle invention israélienne qui détecte les mensonges

Nous mentons tout le temps, que nous l’admettions ou non, car l’alternative est franchement odieuse.

Il y a des circonstances où le mensonge est approprié (« Ta nouvelle coupe de cheveux est superbe » ou « ton bébé est très beau »). Comment savoir si on ment ? Pendant longtemps on a utilisé le détecteur de mensonge ou polygraphe qui est équipé de capteurs qui mesurent diverses réponses corporelles telles que la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la respiration et la conductivité de la peau lorsqu’une personne répond à des questions. Or mentir provoque un stress qui génère des changements physiologiques (des changements du corps, en gros) détectables par l’appareil.

Mais le problème repose sur l’absence de fiabilité du détecteur de mensonge. Il y a plusieurs techniques pour tromper la machine. Par exemple, certains se mettent une punaise dans la chaussure pour se piquer au moment de répondre et créer une réaction corporelle qui fausse les résultats. Sinon, il suffit simplement de ne pas croire en la fiabilité du détecteur de mensonge et de rester tranquille. C’est à peu près la technique qu’a utilisé Aldrich Ames, espion de la CIA arrêté en 1994 : il avait réussi plusieurs fois à passer le test sans se faire prendre.

Le Pr. Yael Hanein du Centre de nanoscience et de nanotechnologie, ainsi que le Pr. Dino Levy de l’École de gestion Coller, ont donc mis au point un nouveau procédé en partant de l’hypothèse que les muscles du visage subissent des altérations lorsque nous mentons. Leur dispositif permet la détection du mensonge en analysant les mouvements des muscles du visage. Leur article, publié dans la prestigieuse revue Brain and Behaviour, débute par cette phrase « La tromperie est présente dans tous les domaines, des interactions sociales aux questions de sécurité intérieure. ».

Le système mis au point par cette équipe de l’Université de Tel Aviv a consisté à utiliser des patchs autocollants équipés d’électrodes spéciales, sur deux groupes de muscles du visage : les muscles des joues près des lèvres et les muscles des sourcils. Ils ont utilisé l’intelligence artificielle pour repérer les mouvements des muscles du visage quand quelqu’un ment. Grâce à leur technique, ils ont réussi à détecter 73% des mensonges racontés par les participants.

L’étude a identifié deux groupes différents de « menteurs » : ceux qui activent les muscles de leurs joues lorsqu’ils mentent et ceux qui activent leurs sourcils. C’est un constat intéressant propre à l’être humain, et il fallait y penser. Chaque espèce a ses propres mouvements musculaires au niveau de la face pour exprimer un sentiment ou une idée. On sait par exemple que les chiens remuent leurs sourcils de manière attrayante, pour montrer leur attachement alors que les loups sont incapables de faire ça.

Les chercheurs envisagent des implications significatives de cette technologie originale dans divers domaines de la vie, notamment dans les banques, les interrogatoires de police, les aéroports, voire les entretiens d’embauche en ligne.

Shuster A, Inzelberg L, Ossmy O, Izakson L, Hanein Y, Levy DJ. Lie to my face: An electromyography approach to the study of deceptive behavior. Brain Behav. 2021 Dec;11(12):e2386. doi: 10.1002/brb3.2386. Epub 2021 Oct 22. 

Dr. Bruno HALIOUA