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Les chiens des otages israéliens et les chimpanzés du zoo de Jérusalem

Nous avons tous été émus au début du mois de décembre par la libération de l’otage Mia Lemberg, 17 ans, tenant son chien Bella dans ses bras, près de deux mois après avoir été kidnappée à Gaza par des terroristes du Hamas.

Son père Moshe Leimberg, a longtemps cherché l’animal après le 7 octobre, quand il a appris l’enlèvement de sa fille alors qu’elle était venue avec sa mère rendre visite à sa tante dans le kibboutz de Nir Yitzhak. Il a été heureux de retrouver sa fille et sa femme mais il a été particulièrement surpris de voir la petite chienne blanche avec eux. Mia a expliqué qu’elle a cachée la chienne Bella sous son pyjama au moment où elle a été embarquée avec sa mère et sa tante dans un véhicule du Hamas. Au début, les terroristes pensaient qu’il s’agissait d’une peluche puis ils l’ont autorisé à garder Bella une fois qu’ils se sont aperçus de leur méprise. Mia et sa mère ont déclaré aux journalistes que la présence de Bella dans les tunnels souterrains les avait considérablement renforcées pendant cette horrible épreuve.

Mia a d’ailleurs expliqué quelle avait eu « la chance de pouvoir la garder pendant tout ce temps et de la ramener », tout en précisant : « Elle m’a beaucoup aidée. Elle me tenait occupée. Elle m’a apporté un soutien moral ».

Dans le même ordre d’idée, on s’est aperçu que les retrouvailles des otages israéliens avec leur chien leur a été d’une grande aide psychologique. Cela a été le cas par exemple pour les trois enfants de la famille Brocutch, âgés respectivement de 4, 8 et 10 ans (Oria, Youval et Ofri), dont on a vu la joie au moment où ils ont revu leur chien Rodney.

Ces deux histoires ne sont pas uniques, comme l’a établi une récente publication de 27 années de recherche internationale, publiée dans la revue Anthrozoös. Celle-ci révèle les risques accrus pour la sécurité et le bien-être psychologique lorsque les gens sont confrontés à la menace d’une séparation forcée de leurs animaux de compagnie en situation de crise [Jasmine Montgomery, Zhanming Liang & Janice Lloyd (2024), A Scoping Review of Forced Separation Between People and Their Companion Animals, Anthrozoös].

Ils ont ainsi démontré que les propriétaires animaliers qui ne peuvent emmener leur petit compagnon dans leur fuite, sont exposés à une plus grande détresse psychologique en cas de catastrophe naturelle ou de divorce à la suite de violences par exemple. Ils ont aussi montré que le souci de la sécurité et du bien-être des animaux de compagnie, conjugué au manque de soutien, sont des facteurs clés qui rendent les gens réticents à fuir leur domicile lorsqu’ils sont confrontés à une situation de crise. C’est pourquoi les auteurs de ce travail conseillent de prendre davantage en compte le sort des animaux de compagnie dans cette situation.

Le conflit qui se déroule à Gaza a été l’occasion de constater le rôle essentiel des chiens pour le bien-être psychique des blessés de guerre. C’est ainsi que l’officier de Tsahal Meitar Sela, a mis en place un service de visite à l’hôpital des traumatisés de guerre par des chiens qui leur apportent de la joie, des câlins et des moments de plaisir et de réconfort.

C’est promis, la prochaine fois que j’irai en Israël, mon regard sur les chiens israéliens sera radicalement différent car on oublie trop souvent le rôle apaisant qu’ils peuvent jouer en cas de situation stressante. Mon admiration ne se limite pas aux chiens.

J’ai désormais un grand respect pour les babouins du parc animalier du désert de Midbarium de Beersheva qui ont acquis le réflexe de se diriger immédiatement vers un abri à chaque fois qu’ils entendent la sirène d’alerte d’attaque de roquettes. Je me promets également de leur rendre visite lors de mon prochain séjour en Israël. J’irai également voir les chimpanzés du zoo biblique de Jérusalem qui ont eu plus de mal à adopter le réflexe de se rendre aux abris en cas d’alerte, au grand dam des soignants animaliers. Ces derniers ont alors trouvé un stratagème pour les faire se précipiter à toute vitesse dans les abris en s’inspirant de ce cher Pavlov (celui du réflexe). Les singes savent que quand ils se rendent à l’abri, et en cas de sirène, un soignant animalier les attend avec une banane…

Dr. Bruno HALIOUA