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André Lichtwitz le médecin juif qui était le confident du Général de Gaulle

Nous sommes au début du mois de mars  1942, voilà presque deux ans que le Général de Gaulle est à Londres. Il lutte jour après jour afin de restaurer l’autorité de la France auprès des Alliés.. Ses soutiens sont peu nombreux. Tout le monde le trouve fatigué. Il a 52 ans, il est surmené. Il fume à longueur de journées et de nuits. Il dort peu. Mais voilà qu’il déclare qu’il est dans l’incapacité de se rendre à son bureau. Cela ne ressemble pas au général de Gaulle qui est habituellement extrêmement dynamique.  Il est alité et ne sort pas de sa chambre. Tout le monde est inquiet. Il souffre d’un état de fatigue généralisé associé à une fièvre et à des frissons. Il est dans l’incapacité de travailler. Des médecins sont appelés à son chevet. Ils posent le diagnostic de grippe associé à un surmenage physique et psychique. Et voilà qu’on apprend pratiquement au même moment qu’un médecin juif français André Lichtwitz vient d’arriver à Londres après avoir traversé clandestinement la frontière espagnole et portugaise. Ce fils de négociants juifs en vin de Bordeaux a une réputation de héros qui est bien justifié puisqu’il s’est engagé à 18 ans pendant la première Guerre Mondiale où il s’est illustrés par son courage. Après sa démobilisation , il décide de faire des études de médecine et il devient interne des hôpitaux de Paris. En septembre 39, mobilisé comme médecin capitaine de réserve , mais dès les premiers combats il demande à servir au front où il s’y illustre ,à nouveau . Démobilisé, André Lichtwitz Juif français n’est plus autorisé à exercer à l’hôpital Lariboisière. Il refuse la défaite. Il prend la décision de rejoindre le Général de Gaulle à Londres. A peine arrivé, on le sollicite pour voir le Général de Gaulle. André Lichtwitz l’examine longuement et il pose le diagnostic de Paludisme. Il prescrit une série d’examen. Le Général de Gaulle présente un accès palustre probablement contracté au cours de l’expédition de Dakar. Il donne un traitement à base de quinine et le général de Gaulle guérit rapidement. Ce dernier lui propose de rester Londres et de devenir son médecin personnel. Lichtwitz  refuse. Il veut se battre comme il le demande « le plus près possible des premières lignes ». Affecté à la 1ère Division française libre, il va participer à toutes les campagnes de son unité. A El Alamein en octobre 1942, il se distingue comme médecin-chef en partant en tête avec les deux compagnies d’attaque de son bataillon le 24 octobre, soignant sous les balles les blessés et ramenant deux prisonniers italiens.   Lichtwitz était un vrai héros, il a pris part ensuite  en 1943 à la campagne de Tunisie puis à celle d’Italie.  Il est blessé à plusieurs reprises mais à chaque fois ce médecin juif français repart au combat. « Blessé par des éclats d’obus le 15 juin, il participe néanmoins à la destruction de Après la Guerre, il est resté le médecin personnel du général de Gaulle et est devenu son ami. Ce dernier lui a d’ailleurs confié, au moment du putsch d’Alger en 1961, un testament politique sous enveloppe « à n’ouvrir que si je disparais ».  Le général de Gaulle particulièrement avare de compliments a écrit au moment de la mort de Lichtwitz en 1962 «  Il fut tout ce qu’il fallait être … : un grand médecin, un grand savant, mais aussi un homme de grand cœur et de grand courage. Il fut mon compagnon et mon ami. Son souvenir est dans mon esprit et dans mon âme pour autant que moi-même je vivrai. Combien il m’a aidé moralement et physiquement !.. » (Charles de Gaulle, Lettres, notes et carnets,1961-1963 p 251)Je ne pourrais pas terminer sans évoquer les trois médecins juifs qui ont participé à son intervention de résection de l’adénome de la prostate le 17 avril 1964 : les professeurs Pierre Aboulker, Jean Lassner et Adolphe Steg.
En guise de conclusion, je dirai qu’on a beaucoup écrit sur le Général de Gaulle et son rapport avec les Juifs. Mais je retiendrai ce passage de l’ouvrage  écrit par son fils « Il avait pour les Juifs une grande admiration. Il considérait qu’ils formaient « la communauté la plus intelligente de la terre ». Combien de fois l’ai-je entendu s’exclamer devant le talent de tel musicien, philosophe, scientifique, industriel ou artiste: « Ce n’est pas étonnant, il est israélite! » (De Gaulle mon père Philippe de Gaulle, tome 2 , p 317-318).