Kawasaki
La bénignité habituelle du du Coronavirus responsable du Covid chez les enfants a été constamment soulignée par toutes les études épidémiologiques. Non seulement les enfants sont moins souvent malades que les adultes, mais il semble aussi qu’ils transmettent peu la maladie aux adultes, comme si leur système immunitaire était capable d’empêcher beaucoup plus vite ce virus de se reproduire dans la cellule.
Il n’en reste pas moins qu’il existe des exceptions, et des cas de formes sérieuses voire mortelles ont été décrites au cours de l’épidémie actuelle. Aux Etats Unis, il a été signalé que ces cas touchaient plus souvent la population noire ou latino-américaine.
L’équipe spécialisée dans la pathologie pulmonaire du nourrisson de l’Hopital Trousseau vient de publier une lettre au Lancet faisant état de cinq nourrissons infectés dans le cadre familial, avec une forme cliniquement inquiétante (fièvre, signes neurologiques…), sans anomalie du liquide céphalo-rachidien et avec une rapide amélioration clinique.
En outre plusieurs centres hospitaliers notamment en Grande Bretagne, mais aussi aux Etats Unis et en France signalent l’augmentation apparente des cas de maladies de Kawasaki chez des enfants dont certains (pas tous) ont des prélèvements positifs au coronavirus.
La maladie de Kawasaki est une maladie mal connue, beaucoup plus fréquente au Japon, mais retrouvée depuis une trentaine d’années de façon intermittente dans les services de pédiatrie chez des enfants de toute origine, qui associe à une éruption ressemblant à celle de la scarlatine des signes généraux de maladie inflammatoire, avec une possibilité d’atteinte myocardique avec un risque d’apparition en général tardif d’anévrysmes artériels
Il n’y a pas de test diagnostique spécifique, mais la suspicion entraine un traitement par immunoglobulines. Le pronostic est habituellement bon.
On pense que la maladie de Kawasaki est d’origine auto-immune. Il n’y aurait pas de spécificité de l’agent infectieux, mais un processus de réaction immunitaire « exubérante », avec atteinte des petits vaisseaux artériels. Il est donc possible que le Covid, notamment dans sa phase d’orage de cytokines, soit un facteur parmi d’autres qui puisse déclencher ce processus, probablement sur certains terrains génétiques.
Pour l’instant on n’en sait pas plus. Les spécialistes ne manifestent pas d’inquiétude particulière et le nombre de cas signalé est faible. Une coopération internationale se met en place pour échanges les données.
Mais il est clair que dans le débat qui s’installe sur la pertinence d’un retour rapide à l’école primaire et au collège, de tels cas puissent renforcer les inquiétudes, notamment dans le monde d’aujourd’hui de surinformation généralisée où la notion de maladie « rare » ou « très rare » perd sa pertinence, et laisse vite la place à l’angoisse.
Dr. Richard Prasquier