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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : Staline, l’hypertendu parano

 » Le Petit père des peuples « 

En février 1945 pendant la conférence de Yalta, Staline, âgé de 66 ans est, parmi les trois protagonistes, celui dont la santé est la meilleure. Quatre mois plus tard, du 17 juillet au 2 août 1945, à la conférence de Potsdam, Truman qui a remplacé Roosevelt à la tête de l’exécutif Américain, trouve le « Petit père des peuples » essoufflé, fatigué, diminué. Staline a été victime de son troisième syndrome de menace en l’espace de cinq mois. Le dirigeant soviétique, physiquement diminué, ne réagit absolument pas lorsque Truman l’informe que les Etats-Unis possèdent l’arme atomique : Hiroshima est bombardée le 6 août, Nagasaki trois jours plus tard.

Staline aurait déjà eu plusieurs crises d’hypertension graves

Dans les années suivantes, Staline souffre de troubles psychiques consécutifs à des accidents vasculaires cérébraux. Nous sommes en pleine guerre froide. Le monde est divisé en deux blocs rivaux : les pays rattachés aux Etats-Unis et les pays de l’Est rattachés à l’URSS. La santé de Staline s’affaiblit, il devient complètement paranoïaque, il voit des complots contre lui partout, fait arrêter des innocents à ses moindres soupçons, organise des assassinats. La légende court que des sosies assistent à sa place aux cérémonies officielles.

En octobre 1952, au XIXème congrès du Parti, Staline prononce un discours bref et très lent. Au cours de l’hiver 1952-1953, le dictateur fait un nouvel accident vasculaire cérébral. Le cardiologue Vinogradov, de l’Académie de médecine, décoré de l’Ordre de Lénine, conduit une délégation d’une quinzaine de médecins. Après l’examen clinique qui souligne entre autre une hypertension artérielle, Vinogradov recommande au « Petit père des peuples » le repos. Selon un de ses biographes «  Staline était fou de rage. On ne laissa plus Vinogradov l’approcher et il fut bientôt arrêté ».

En janvier 1953, Staline accuse un groupe de médecins de vouloir le tuer. La Pravda écrit : « Il y a quelque temps, les organes de sécurité de l’Etat ont découvert un groupe terroriste de médecins, dont le but était d’abréger la vie de personnalités dirigeantes de l’URSS, au moyen de traitements nocifs ». Il est procédé à l’arrestation d’une quinzaine de médecins le 4 avril 1953. Les médecins arrêtés passent rapidement aux « aveux ».

La mort de Staline est l’objet de controverses.

Le soir du 28 février 1953, après une représentation du Lac des Cygnes au Bolchoï, Staline quitte le Kremlin pour se rendre dans sa datcha personnelle de Kountsevo. Il se couche dans une des grandes pièces de la datcha dont il occupe le premier étage. Le 1er mars vers 23 heures, le dirigeant suprême ne s’est toujours pas manifesté.

Les professeurs, les médecins, les infirmières, pâles comme la mort, bredouillaient des mots sans suite

Après maintes hésitations, les proches de Staline décident de forcer la porte blindée. Ils le trouvent étendu en pantalon de pyjama et en maillot de corps sur le tapis de la chambre. Il est vivant. Il vient d’être victime d’un infarctus du myocarde et d’une hémorragie cérébrale avec hémiplégie droite. Le dirigeant est placé sur un sofa puis transporté dans la salle à manger. Starostine, chef de la police secrète, est prévenu le premier. Malenkov et Beria arrivent à la datcha vers 3 heures du matin. Ils préconisent de laisser Staline se reposer.

Les médecins sont prévenus par Beria le lendemain vers 9 heures du matin. Une dizaine de médecins arrivent du Kremlin et notent une hypertension artérielle sévère.

Staline meurt le 4 mars à 8h30 du matin dans sa datcha. Son corps est autopsié dans la soirée. Le 6 mars à 6h00 du matin, la radio Soviétique annonce : « Le cœur de Joseph Vissarianovitch Staline, compagnon de Lénine et génial continuateur de son œuvre, guide sagace et éducateur du Parti Communiste et du peuple Soviétique, a cessé de battre ».

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)