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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : La dysurie de Napoléon

CHAMBRE A PART

Tout au long de sa vie, Napoléon Bonaparte a eu des difficultés à uriner.

Les soldats napoléoniens avaient l’habitude de le voir descendre de cheval, s’approcher d’un mur et demeurer longtemps, le front appuyé à la paroi, les jambes écartées, le corps légèrement en retrait. Dans ces moments-là, ordre était donné de ne pas crier le réglementaire “ Vive l’Empereur ”.

Aux Tuileries, les problèmes urinaires de Napoléon 1er ont eu des conséquences dans ses relations avec son épouse, l’impératrice Marie-Louise. En effet, elle a tellement horreur d’être réveillée la nuit, qu’elle oblige l’Empereur Napoléon 1er à faire chambre à part.

AU COURS DE LA CAMPAGNE DE RUSSIE

Les troubles urinaires seront particulièrement handicapants au cours de la campagne de Russie. Entre la bataille de la Moskowa (7 septembre 1812) et l’entrée à Moscou (14 septembre 1812), Napoléon a énormément souffert de dysurie. Selon un témoin “ Napoléon, descendu de selle, s’arrête encore plus longtemps qu’à l’habitude, le front appuyé sur la roue d’un canon. Sa gêne est, cette fois, réellement douloureuse et c’est péniblement qu’il remonte à cheval ”. Ses médecins Yvan et Mestivier prodiguent quelques soins. Finalement, Yvan est “ obligé d’envoyer préparer une potion par son pharmacien qui était avec les bagages à une lieue de distance ”. Dans la nuit du 5 au 6 septembre, il réussit à émettre douloureusement, goutte à goutte, une urine bourbeuse et sédimenteuse. La dysurie ne cessera que deux jours après l’entrée à Moscou. Il a été très inquiet ce jour-là en voyant dans le vase un épais sédiment.

A WATERLOO

Au cours de la période des Cents Jours, Napoléon va avoir une activité intense ne dormant la nuit pas plus de trois heures de suite, se levant dés 6 heures du matin pour lire sa correspondance. Quand le 12 juin 1815, Napoléon prend la tête de l’armée du Nord pour se rendre en Belgique, c’est un homme qui a des problèmes de santé. Il souffre de dysurie avec des conséquences importantes sur ses décisions. En effet, au moment de la bataille de Waterloo le 18 juin 1815, son entourage note un engourdissement de son esprit et un manque de décision. Et pourtant, malgré la souffrance, il ne prit que vingt heures de repos sur quatre-vingt-seize heures et il resta en selle pendant plus de trente-sept heures .

A son retour de Waterloo, il est si souffrant qu’il tombe de cheval.

SAINT HELENE

À Sainte-Hélène, Antonmarchi, le médecin qui s’occupe de Napoléon, est un jour accueilli par ces mots : “ J’ai toujours éprouvé de la difficulté à uriner et d’autant plus que le besoin s’en faisait sentir plus fréquemment. Aujourd’hui, les souffrances sont intolérables ”. Le 11 décembre 1820, alors que la maladie terminale est déjà en route, Napoléon demeure vingt-quatre heures sans obtenir la moindre émission d’urine.

A sa mort une autopsie est réalisée par le docteur Antonmarchi.

Le compte-rendu note une vessie très rétrécie, renfermant une certaine quantité de graviers mêlés avec quelques petits calculs ainsi que de nombreuses plaques rouges éparses sur la muqueuse vésicale. En revanche les parois de l’organe étaient en “ état anormal ”. Le Docteur Henry, quant à lui, écrivait en 1823 : “ La vessie était fort petite et contenait quelques particules de sable ”. L’état anormal de la paroi pourrait être interprété comme un épaississement de type vessie de lutte, ou rattaché aux phénomènes inflammatoires décrits (les plaques rouges) qui nous font nous poser la question d’un processus infectieux associé.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)