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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : l’insuffisance aortique d’Alfred de Musset

RETROUVEZ LE DR. BRUNO HALIOUA AU CONGRÈS AMIF EXCEPTIONNEL (PRAGUE, 13-17 JUILLET 2022)

À partir de 1841, Alfred de Musset (1810-1857) a présenté, à de multiples reprises, des épisodes de congestion pulmonaire hivernale. Il se plaignait de présenter un certain essoufflement à l’effort. En 1842, le frère de l’écrivain, Paul de Musset, a noté :

« Un matin du mois de mars 1842, pendant le déjeuner, je m’aperçus que mon frère, à chaque battement de pouls, éprouvait un petit hochement de tête involontaire. Il nous demanda pourquoi nous le regardions étonnés, ma mère et moi… Nous lui fîmes part de notre observation. Je ne croyais pas, nous répondit-il, que cela fût visible mais je vais vous rassurer. Il se pressa la nuque, je ne sais comment, avec l’index et le pouce, et au bout d’un moment, la tête cessa de marquer les pulsations du sang. Vous voyez, nous dit-il ensuite, que cette épouvantable maladie se guérit par des moyens simples et peu coûteux. Nous nous rassurâmes par ignorance, car nous venions de remarquer le premier symptôme d’une affection grave, à laquelle il devait succomber quinze ans plus tard… ».

Cette remarquable observation serait tombée dans l’oubli sans la découverte de celle-ci, en 1900, par un médecin de la Salpêtrière, le docteur Delpeuch. Il avait deux malades atteints d’insuffisance aortique qui présentaient la même singularité, qu’en mémoire du poète, il baptisa « signe de Musset », vocable sous lequel il figure toujours dans les traités de médecine. Le lien de cause à effet qui unit ses troubles en rapport avec la syphilis, survenue en 1834, et l’insuffisance aortique, découverte en 1842, semble hautement probable.

À partir de 1854, l’état de Musset s’est aggravé. Il a présenté des syncopes de plus en plus fréquentes et des accès de fièvre en rapport avec des poussées d’endocardite subaiguë (lente). Dans la nuit du 1er au 2 mai 1857, alors qu’il discutait paisiblement avec son frère, portant la main à son cœur, il déclare :

« Dormir, je vais enfin dormir ! »

Tels ont été ses derniers mots.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)