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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : Louis XI et Louis XVI

Le délire paranoïaque de Louis XI

Louis XI (roi de France de 1461 à 1483) a été surnommé l’« araignée » en raison de sa laideur et de l’habileté avec laquelle il combattait ses ennemis. Pendant son règne, il a consolidé le pouvoir royal en usant de la corruption, de la diplomatie, de la traîtrise et des armes.

À partir de 1482, Louis XI a présenté un délire de persécution, suspectant des complots de la part de ses proches. Il est vrai qu’il avait été opposé à son propre frère, le duc de Berry, qui n’avait pas hésité à s’allier avec le comte de Charolais et le duc de Bretagne, François II.

Il souffrait également d’un délire hypocondriaque, qui se manifestait par la crainte de la survenue d’une maladie qui mettrait fin à ses fonctions. Louis XI était persuadé de souffrir de la lèpre parce qu’il présentait une dermite séborrhéique sévère et des céphalées tenaces, qui étaient soulagées partiel­lement par le port de chapeaux à bords larges qui lui enserraient la tête. Aucun médecin n’a osé s’opposer au diagnostic posé par le roi.

Ce faux diagnostic a contribué à alimenter la fausse légende d’un roi cruel se nourrissant de sang humain. En effet, un jour, il a appris qu’on guérissait la lèpre sur l’île Saint-Jean du Cap-Vert avec des bains et l’ingestion de sang de tortue géante. Il a dépêché une expédition sur place, sous les ordres de Georges le Grec, avec 300 soldats, afin de « quérir aucunes choses qui touchaient très fort le bien et la santé de sa personne ».

Au terme de l’expédition, le roi a observé à la lettre ce régime. Les courti­sans, qui voyaient le roi se baigner dans du sang de tortue et en boire des quantités astronomiques, croyaient à tort qu’il s’agissait de sang humain. Cette fausse information a contribué à accentuer son image de monstre sanguinaire.

Le phimosis de Louis XVI 

L’Histoire de France aurait probablement été différente si Louis XVI n’avait pas présenté un phimosis (rétrécissement congénital du prépuce). En raison de ce problème urologique, il n’aurait pas pu avoir de relations sexuelles, les sept premières années de son mariage, avec son épouse Marie-Antoinette, surnommée « L’Autrichienne ».

Le Docteur Jean-Marie-François de Lassonne a écrit à son propos, en 1773, que « le dauphin était d’une paresse et d’une nonchalance qui ne le quittaient que pour la chasse ». Les médecins ont conseillé au roi Louis XVI la réalisa­tion d’une intervention chirurgicale, qu’il a refusée avec obstination.

Les fêtes organisées par Marie-Antoinette suscitaient un mécontentement dans le peuple. De son côté, Louis XVI faisait l’objet de moqueries, comme en témoigne ce petit poème satirique :

« Le grand ménage couronné, Est du mot puce enfariné. Mais chacun l’est à sa manière : La reine a le puce inhérent, Le roi a le prépuce adhérent. C’est le pré qui gâte l’affaire. »

Ce n’est qu’en 1778 que Louis XVI a accepté de se faire opérer. Quelques jours plus tard, il a pu avoir des relations sexuelles avec son épouse. Un an plus tard, Marie-Antoinette a accouché de son premier enfant. Lorsqu’arriva 1789, la popularité du roi Louis XVI – et a fortiori celle de Marie-Antoinette − était déjà trop entamée.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)