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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : Lénine et son hypertension

A la fin de l’année 1918, Vladimir Illitch, plus connu sous le nom de Lénine, est âgé de 48 ans. Il vient de prendre le pouvoir en Russie et est à la tête du Soviet suprême. C’est un homme malade qui souffre d’hypertension artérielle depuis de nombreuses années. Il est physiquement affaibli par des céphalées répétitives et par des vertiges. Il souffre de dépression nerveuse qui se manifeste par des insomnies et par des gastralgies.

Au mois d’août 1921, il est victime d’un accident. Fanny Kaplan lui tire trois balles dont l’une vient se loger prés de l’omoplate gauche. La rumeur se répand que le projectile était empoisonné et qu’il a altéré son artère carotide interne gauche.

En décembre 1921, Lénine, fatigué, part se reposer sur l’insistance de ses médecins pendant trois mois dans sa propriété de Gorki. A son retour, il assiste au XIème congrès du parti communiste où il prononce plusieurs discours qui l’épuisent.

Le 23 avril 1922, Lénine est opéré par le chirurgien russe Vladimir Nikolaevitch Rosanov et par son confrère berlinois Loritz Borchardt qui projettent de lui extraire le fameux projectile logé à la base du cou. L’intervention se déroule bien. Toutefois, dans les suites, Lénine continue à souffrir de céphalées tenaces et rebelles en rapport avec son hypertension artérielle.

Un homme diminué physiquement

Le 26 mai 1922, Lénine en convalescence à Gorki souffre de vomissements tenaces et d’intenses céphalées. Les médecins qui l’examinent posent le diagnostic d’hémiparésie droite et d’aphasie motrice. Dans les mois qui suivent, Lénine récupère avec difficulté de ses troubles neurologiques. En juillet 1922, Lénine peut à nouveau écrire son courrier en utilisant sa main gauche. Toutefois, c’est un homme diminué physiquement qui ne peut plus assurer la direction des affaires politiques de l’URSS.

A partir de la fin du mois de septembre, Lénine assiste à plusieurs réunions politiques et prononce difficilement quelques discours. Au cours de l’assemblée plénière du IVème Congrès de l’Internationale Communiste qui a lieu à Moscou le 13 novembre 1922, Lénine prononce un discours d’une heure en langue allemande, au cours duquel il fait un bilan des 5 années de Révolution Russe. A la fin de son allocution, il regagne son siège épuisé. Ses rapports avec Staline commencent à devenir conflictuels. Un mois plus tard, le 16 décembre 1922, il est victime d’un deuxième accident vasculaire cérébral qui est responsable d’une hémiplégie droite. Le 24 décembre, le Politbureau prend la décision de réunir les médecins de Lénine. Il lui est désormais interdit de recevoir des visites, tandis que sa correspondance fait l’objet d’une surveillance étroite .

Lénine qui n’est plus capable de lire, dicte sa dernière lettre le 6 mars 1923 dans laquelle il accuse Staline et deux autres dirigeants de vouloir s’emparer du pouvoir…: « Le camarade Staline, devenu secrétaire général, a réuni entre ses mains un pouvoir illimité, et je ne suis pas sûr qu’il puisse s’en servir avec assez de circonspection… Staline est trop brutal… ».

Lénine est victime d’un troisième accident vasculaire cérébral le 9 mars 1923. Il présente une hémiplégie droite sévère s’accompagnant également de déficit moteur à gauche et il ne peut plus parler. De nombreux spécialistes, et en particulier le neurologue allemand Otfrid Förster et le docteur Vladimir Oboukh, consultent Lénine.

L’état de Lénine s’améliore légèrement dans les mois qui suivent. Toutefois, il présente une dyspnée associés à de la fièvre le 20 janvier 1924. Il meurt le lendemain à 18h50.

« Ramollissement cérébral » 

Il est réalisé une autopsie de Lénine le 22 janvier en présence de dix médecins désignés par les autorités soviétiques et de Semaschko, commissaire du peuple de la Santé publique. Ils retrouvent des lésions consécutives à une hypertension artérielle et à une artériosclérose généralisée. Ils notent la présence d’une hémorragie cérébrale de la région des corps quadrijumeaux associée à une occlusion de la carotide interne gauche et à un infarcissement de l’hémisphère cérébral gauche.

Le diagnostic post-mortem de « ramollissement cérébral » satisfait tout à fait Staline qui a le champ libre pour mener à bien la Révolution.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)