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Qui est Jakob Rosenfeld ?

CES MÉDECINS JUIFS QUI ONT CHANGÉ L’HISTOIRE

Le médecin juif de Mao

Un médecin juif viennois Jakob Rosenfeld est connu par des millions de Chinois sous le nom de “Général Luo”. Rien ne prédestinait  Jakob Rosenfeld à devenir général du Grand Timonier. Ce fils d’un sous-officier de l’armée austro-hongroise nait en 1902 à Lemberg (l’actuelle Lviv en Ukraine). Après ses études secondaires, il fait ses études à la faculté de médecine  de Vienne. Il décide de se spécialiser en urologie et en gynécologie. Il  s’installe à Vienne et se constitue très vite une patientèle importante en raison de sa renommée. Cela ne l’empêche pas militer activement au sein parti démocratique social autrichien fermement antinazi. L’Anschluss avec le rattachement de l’Autriche à l’Allemagne nazie bouleverse la vie du médecin juif. La Gestapo l’arrête très rapidement et l’emprisonne à Dachau, puis à Buchenwald. Il est miraculeusement  libéré en 1939. Il comprend qu’il n’a qu’une seule solution. Il faut fuir avant qu’il ne soit trop tard. Où aller quand on est Juif en 1939 ? La Palestine est soumise au Livre Blanc. Les États-Unis ont des quotas d’immigration drastiques. Les pays n’accueillent alors les juifs persécutés qu’au compte goutte. Le docteur Rosenfeld apprend que la concession internationale de Shanghaï accueillent les Juifs. Il s’y rend en bateau au terme d’un périple tumultueux. Il y devient le médecin dans cette ville dans laquelle vivent 25.000 à 30.000 réfugiés juifs majoritairement allemands et viennois. Lors de l’occupation de Shanghaï par les Japonais en 1942 , alors que les Juifs sont parqués dans un ghetto, Jakob Rosenfeld prend contact avec la Résistance communiste. Il se fait passer pour un missionnaire allemand afin de rejoindre clandestinement l’Armée Rouge de Mao Tse Toung qui s’est constitué  dans la province du Shandong, à l’est du pays.

Jakob Rosenfeld apporte son savoir-faire à l’armée de Mao. Il opère nuit et jour dans des conditions périlleuses tout en formant des équipes médico-chirurgicales. Il devient progressivement un personnage de légende vénéré des combattants communistes. Il aurait sauvé la vie de près de 100.000 soldats et civils chinois ce qui lui vaut le surnom de  « Bouddha salvateur ».. Il devient général de l’armée chinoise et intègre le Comité central, où il devient proche de Liu Shaogi et de Chen Yi, respectivement futur président chinois et ministre des Affaires étrangères. Rosenfeld connu sous le nom “Général Luo” est nommé en 1947 ministre de la Santé du gouvernement des troupes combattantes chinoise.

Après la fondation de la République Populaire de Chine, il décide de rentrer à Vienne où il est confronté à l’antisémitisme ambiant persistant et à la solitude de se retrouver sans aucune famille. Il décide de quitter l’Autriche. Les États-Unis lui refusent l’octroi d’un visa en raison de son engagement dans l’armée communiste chinoise.
Il décide de faire son Alyah en Israël où il travaille alors à l’hôpital Assuta de Tel-Aviv. Il meurt prématurément en 1952 d’un infarctus du myocarde, dans la plus grande  solitude.Tout le monde a oublié le docteur Rosenfeld jusqu’à la reprise des relations diplomatiques entre la Chine et Israël en 1992.  L’Association d’amitié Chine Israël ( Eh oui cela existe !!) a retrouvé et a restauré la tombe de Jacob Rosenfeld au cimetière de Kiriat Shaoul à Tel-Aviv.  Un sinologue Gerd Kaminski s’est fixé comme objectif de le faire connaître. Il a organisé une exposition à Vienne  au musée du Judaïsme rendant hommage au singulier destin de Jakob Rosenfeld.  Et en Chine ?  Après être tombé dans l’oubli, le gouvernement chinois a voulu remettre Jakob Rosenfeld à l’honneur en éditant une série spéciale de timbres en son souvenir en 2003. Il est aujourd’hui considéré comme un héros de la Révolution communiste. Si vous allez en Chine  (et si vous avez le temps), n’hésitez pas à allez voir sa statue à Yunan et même l’hôpital qui porte son nom.