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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : L’Amiral Horatio Nelson, le célèbre borgne

NELSON SE PLAINT D’AVOIR PERDU UNE PARTIE DE LA VISION

L’image de l’Amiral Horatio Nelson qui a infligé les grandes défaites navales à la France est connu. Son bandeau noir est également connu. En revanche, un point a soulevé de nombreuses interrogations : celui de savoir quel était l’œil que l’Amiral Horatio Nelson avait perdu. En effet, sur certains portraits tel que celui qui a été réalisé en 1797 par Lemuel Abbot, il n’y a  aucune anomalie oculaire visible. En revanche sur d’autres, il est noté une atteinte oculaire soit au niveau de l’œil droit, soit au niveau de l’œil gauche, soit encore au niveau des deux yeux ! L’origine de la cécité de l’œil droit de Nelson a fait l’objet de discussions passionnées. Certain ont rattaché la perte de l’œil droit à un décollement de la rétine, d’autres à une atrophie optique ou à une lésion hémorragique chorio-rétinienne.

Les biographes du célèbre marin ont insisté sur le fait que jusqu’en 1794, Nelson n’a jamais évoqué le moindre trouble oculaire. La seule anomalie est un manque d’adresse à la chasse rattaché probablement à une myopie non corrigée.

Au cours d’un engagement naval en Corse, le 12 juillet 1794, Nelson qui est affecté à l’escadre de l’Amiral Hood reçoit à la face des éclats de mortier provenant d’un boulet tiré par l’ennemi. Le 16 juillet, Nelson se plaint d’avoir perdu une partie de la vision qui se limite alors à la persistance d’une simple perception lumineuse. Les chirurgiens qui l’examinent ne retrouvent aucune anomalie. Cette conclusion est à considérer avec prudence pour la simple raison que l’examen ophtalmologique est encore rudimentaire et ne comprend pas encore l’ophtalmoscope. Trois mois plus tard,  deux certificats médicaux confirmant la perte de la vision de cet œil droit sont établis. L’un est réalisé par John Harness qui retrouve une dilatation anormale de la pupille et l’autre par Chambers, chirurgien en chef de la Flotte.

SA LORGNETTE DEVANT SON OEIL AVEUGLE

En 1795, Nelson écrit à son épouse que son « œil est totalement aveugle et, qu’en plus, il le fait souffrir, alors que l’autre a une vision pratiquement normale ». A la même période il réclame, dans une lettre adressée à l’Amirauté, l’obtention d’une pension d’invalidité pour la perte de son œil droit qui lui est accordé le 12 octobre 1797 par un collège médical.

Quelques mois plus tard, il prend le commandement d’une partie de la flotte de Méditerranée et il participe victorieusement le 1er août 1798, à la bataille d’Aboukir. Nelson est blessé au-dessus de l’œil droit. Dans un tableau réalisé à Palerme en 1799 par Leonardo Guzzardi, on note le présence d’une cicatrice arquée coupant le front au-dessus du sourcil et un ptérygion évolutif. Par la suite la vue de Nelson va se dégrader rapidement malgré les traitements par application de « courant électrique ». Cela n’empêche pas Nelson de poursuivre les combats navals. Il sait parfois utiliser à bon escient sa cécité monoculaire comme c’est le cas au cours de la bataille de Copenhague. Alors que son supérieur hiérarchique placé sur un autre vaisseau lui demande d’interrompre le combat, Nelson répond : « Je ne vois pas les signaux », tout en plaçant sa lorgnette devant son œil aveugle !

MENACE DE CÉCITÉ TOTALE

En janvier 1801, Thomas Trotter, médecin de la Flotte examine Lord Nelson et écrit un rapport :
« Vers cette époque, Lord Nelson se plaignit d’une ophtalmie violente au niveau de son œil unique (donc l’œil gauche) avec une substance membraneuse qui se développait rapidement sur la pupille. Toutes les personnes autour de lui furent affectées par le même trouble et de nombreux collyres utilisés. Je prescrivis une pièce obscure, un bain toutes les heures avec de l’eau froide et, en deux jours, l’inflammation disparut ».

Nelson est de plus en plus handicapé par ses troubles ophtalmologiques. Il craint de devenir aveugle. Il demande que lui soit adressé son protège oculaire vert pour atténuer la lumière : « Mon œil est comme du sang et le film est tellement étendu que je ne vois que du coin le plus éloigné de mon nez »…

La vie d’Horatio Nelson va s’interrompre au cours de la bataille de Trafalgar au cours de laquelle il est tué par Robert Guillemard, fusilier d’origine provençale servant sous les ordres du commandant Lucas à bord du « Redoutable » . Le jeune marin français ajuste son tir soigneusement sur sa cible. Il ne sait pas qu’il s’agit d’un des plus grands marins de tous les temps : l’Amiral Horatio Nelson. Il tire et blesse grièvement Nelson, qui meurt au terme d’une agonie qui dure exactement 2h45 minutes, comme le révèle le célèbre récit de son chirurgien Beatly. Le corps de Nelson sera alors amené à Londres dans un baril de rhum, puis enterré à Westminster, après des funérailles d’une ampleur exceptionnelle.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)