Les Hébreux connaissaient-ils l’importance de l’asepsie et de l’antisepsie ?
LA MÉDECINE AU TEMPS DES HÉBREUX
L’originalité des Hébreux a été de tenir compte de l’importance de l’asepsie et de l’antisepsie. Les chirurgiens hébreux étaient très attentifs non seulement à la propreté de leur tenue mais aussi à celle de leurs instruments chirurgicaux. Avant l’intervention, ils nettoyaient consciencieusement leurs instruments [1]. Au cours de l’acte chirurgical, ils respectaient scrupuleusement un certain nombre de règles qui doivent être considérés comme avant- gardistes pour l’Antiquité. Ils opéraient en blouse [2] ou avec un tablier de cuir [3], ils prenaient soin de ne pas toucher une plaie avec leurs doigts [4], ils utilisaient des pansements de chiffons blancs n’ayant jamais servi [5], et ils se méfiaient des mouches dont ils suspectaient le rôle dans la transmission d’un certain nombre de maladies [6]. Ce respect des règles d’asepsie est remarquablement illustré par l’attitude d’Eléazar qui a ordonné à ses hommes après la victoire sur les Madianites de faire passer par le feu tous les ustensiles métalliques et de laver tous ceux en bois avant de les utiliser [7]. Une telle audace chirurgicale n’a pu être possible que parce qu’ils adoptaient des règles d’asepsie strictes limitant au maximum le risque de survenue de complications infectieuses susceptibles d’entrainer la mort. Toutes ces précautions, qui paraissent aujourd’hui élémentaires, doivent être considérées comme remarquables et étonnantes dans le contexte de l’époque. N’oublions pas qu’au XIX ème siècle, les « maîtres du bistouri » opéraient en jaquette ou en habit. L’image d’Epinal les représentait les manches retroussées et le col dur, en train de plonger leurs mains dans les plaies opératoires qu’ils avaient préalablement souillés en vérifiant un pansement sale ou après avoir exécuté une autopsie [8]. Les Hébreux utilisaient en guise d’anesthésique un poison pour endormir leur patient, une sorte d’hallucinogène, appelé en hébreu « Samma Deshinta » [9]. Cela correspondrait, selon Isidore Simon, à la mandragore associée à du vinaigre [10]. Cette anesthésie a permis de réaliser des splénectomies sur personnes vivantes [11]. Ils utilisaient également l’alcool pour ses vertus anesthésiques[12].
Références
- [1] Kelim XIII, 2
- [2] Kélim XVI, 5
- [3] Kélim 26-5
- [4] Avodah Zarah 28 b
- [5] Chabbat 134, b
- [6] Marmelzat WL. History of dermatologic surgery. From the beginnings to late antiquity.
- Clin Dermatol. 1987 Oct-Dec;5(4):1-10.
- [7] Nombres 31,22-23
- [8] Le professeur Eugène Armand Despres ( 1834-1896) de l’hôpital Cochin qui était également député du VI ème arrondissement à Paris était vigoureusement opposé à l’asepsie et il proclamait « L’asticot a du bon, il bouffe le vibrion ».
- [9] Baba Metzia 83 a
- [10] Isidore SImon. Connaissances odontologiques bibliques. Revue dHistoire de la Médecine Hébraïque 1976.
- [11] Sanhédrin 21, b ; Avoda Zarah 44, a
- [12] Sanhedrin 43a
Pour en savoir plus: La médecine au temps des Hébreux, Bruno Halioua. Éditeur : éditions Liana Levi. Retrouvez le livre sur le site de l’éditeur ou sur Amazon.