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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : Winston Churchill, le lion hypertendu

« Je n’ai rien d’autre à offrir que du sang, des peines, des larmes et des sueurs ».

Winston Léonard Spencer Churchill, est sans aucun doute le plus célèbre homme politique Britannique du XXème siècle. Le 10 mai 1940, il devient Premier Ministre à un moment extrêmement difficile pour la Grande Bretagne. Son pays reste à la fin du mois de juin 1940 seul en guerre contre les puissances de l’Axe.

Churchill est un homme âgé de 65 ans. Il est obèse, il fume de gigantesques cigares, il fait une consommation excessive de whiskies et il souffre d’hypertension artérielle comme l’ont attesté par la suite ses médecins. Et pourtant, ce sont sur les épaules de cet homme-là que repose la responsabilité de son pays engagé dans la lutte pour préserver ses libertés.

C’est un hypertendu qui prononce le discours le plus difficile de sa carrière aux communes : « Je n’ai rien d’autre à offrir que de sang, des peines, des larmes et des sueurs ». Dans les premiers mois qui suivent, l’Angleterre affronte avec courage l’assaut des forces allemandes. Le 22 décembre 1941, Churchill se trouve à Washington. Il est l’hôte du Président Franklin Delano Roosevelt qui vient de déclarer la guerre aux forces de l’Axe après l’attaque du Japon sur Pearl Harbor. Winston Churchill est épuisé par la difficile année qu’il vient de passer.

Dans la nuit du 27 décembre 1941, le Premier Ministre Britannique se réveille car il ressent une violente douleur dans le bras gauche. Son médecin personnel, Lord Moran qui l’accompagne dans tous ses déplacements est appelé d’urgence. Il a relaté dans ses mémoires : « Il était au lit et paraissait très inquiet ».

« Il faisait si chaud la nuit dernière que je me suis levé pour ouvrir la fenêtre. Or cette fenêtre est très difficile à ouvrir. J’ai dû faire un effort si considérable que je ne pouvais plus rattraper ma respiration. J’ai ressenti une douleur au cœur, et la douleur a gagné mon bras gauche. Cela n’a pas duré très longtemps, mais c’est une chose qui ne m’est jamais arrivée. Qu’est-ce que cela signifie ? », demanda Churchill.

Lord Moran pose immédiatement le diagnostic d’angine de poitrine. Il lui administre des sédatifs et des vasodilatateurs. Toutefois il est conscient que la divulgation de cet accident coronarien pourrait avoir des conséquences sur le plan diplomatique. Lord Moran choisit volontairement au nom de l’intérêt suprême de l’Empire Britannique qui se trouve dans une situation difficile de ne pas informer Churchill. Il ment à Churchill qui l’interroge sur son état de santé « Il n’y a rien de bien sérieux. Vous vous êtes surmené ». Il donne le prétexte d’une fatigue liée au voyage et au décalage horaire pour lui demander d’aller se reposer pendant deux jours.

Churchill reprend les discussions avec les Autorités Américaines dès le 29 décembre 1941. Churchill, mauvais patient, n’écoute aucun des conseils de Lord Moran et il ne change absolument rien à son mode de vie. Il assiste à tous les banquets où il fait preuve d’un appétit colossal et surtout il continue à fumer ses longs cigares « La gloria Cubana » bagués à son nom. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Churchill présente de nombreux autres accidents coronariens qui sont gardés secrets par son entourage. Le seul accident important dont la presse a été informée est l’épisode de pneumonie à pneumocoque qui a eu lieu le 30 janvier 1943, au retour de la conférence de Casablanca.

La conférence des hypertendus

A la conférence de Téhéran qui se déroule le 28 novembre 1943, Churchill se plaint selon Lord Moran de quelques troubles mnésiques en rapport avec son hypertension artérielle. De fortes dissensions opposent le Premier Ministre Britannique à Staline, sous le regard d’un autre hypertendu, Franklin Roosevelt, qui ne se méfie pas du tout de Staline. Le dénouement de ce face à face aura lieu en février 1945 au cours de la conférence de Yalta, où Staline, en pleine forme, affronte d’un côté un Roosevelt quasi agonisant et de l’autre un Churchill qui souffre d’une hypertension artérielle résistante aux traitements alors disponibles.

Sir Winston est apparu peu sûr de lui et fatigué

Après la guerre, Churchill a été victime de plusieurs accidents ischémiques transitoires en 1949 et 1950. Et pourtant, diminué par ses troubles neurologiques, il se porte à nouveau candidat au poste de Premier Ministre le 27 octobre 1951. Il est victime d’un nouvel accident vasculaire cérébral le 21 février 1952 dont Lord Morgan limite la gravité et évoque « une certaine instabilité dans la circulation cérébrale ». Désormais Churchill ne sera plus capable d’assurer les fonctions de Premier Ministre. Le 26 juin 1952, rebelote. Officiellement, Churchill part se reposer aux Bermudes pour soigner des « vertiges ».

Le 23 juin 1953, Churchill est à nouveau victime d’un accident vasculaire cérébral qui entraîne une hémiplégie gauche. L’état de santé de Churchill se dégrade rapidement comme l’atteste le New York Times en avril 1954 qui écrit : « Sir Winston est apparu peu sûr de lui et fatigué . Ce n’est plus le Churchill de 1952 et ce n’est plus que l’ombre de la grande figure de 1940. Dans ses réponses, Sir Winston s’est lui-même contredit ». Winston Churchill répond à ceux qui l’interrogent sur sa retraite «  Une fois que j’aurais pris ma retraite , je ne tarderai pas à mourir. A quoi bon vivre quand on n’a rien à faire ? ».

Il démissionne en 1955 de son poste de Premier Ministre. Il reste tout de même député jusqu’en septembre 1964. Il meurt le 24 janvier 1965 d’une hémorragie cérébrale, soixante-dix ans jour pour jour après la mort de son père qui a été tout au long de sa vie son modèle.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)