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Les chirurgiens au temps des Hébreux

LA MÉDECINE AU TEMPS DES HÉBREUX

À l’époque biblique, le médecin (« rofé ») réalisait également des gestes chirurgicaux : « Celui qui apprend la Thora dans son enfance ressemble au médecin chez lequel on conduit la personne atteinte d’un abcès et qui possède un couteau pour l’inciser et les médicaments pour le guérir. Celui qui apprend la Thora dans sa vieillesse possède le couteau pour inciser » [1]. Ce n’est qu’à partir de l’époque talmudique, qu’il y a véritablement  l’apparition de chirurgiens qui ont été désignés sous le nom de « rofé ouman ». Sur le plan étymologique, « rofé » désigne le médecin tandis qu’« ouman » signifie « celui qui travaille de ses mains »  [2]. Cette définition hébraïque est proche de celle du « chirurgien » désigné par Hippocrate (« kheïros » : « mains », « ergon » : « ouvrage »). Selon Julius Preuss, « rofé ouman » cité à plusieurs reprises dans le Talmud [3] désigne un médecin diplômé [4]. Les chirurgien ou « rofe ouman » réalisaient surtout des interventions à visée traumatologique comme  des amputations [5] ou des réductions de luxations ou de fractures [6]. Ainsi un passage de la Torah évoque un véritable  traitement orthopédique qui comprend un pansement avec une immobilisation suivi d’une mesure de rééducation fonctionnelle afin de permettre une récupération de la fonction du bras pour tenir son arme « Fils de l’homme, j’ai brisé le bras de Pharaon, roi d’Egypte, or, on ne l’a point pansé en y appliquant des médicaments, en y posant un bandage comme pansement, afin qu’il reprenne des forces pour tenir une épée [7]». Le Talmud rapporte une intervention étonnante, une authentique lipectomie [8], réalisée sur Rabbi Eléazar qui souffrait d’obésité : « On le transporta dans une maison en briques (lébeïta déshisha) [une « maison de santé »]. On lui ouvrit le ventre et on retira de nombreuses corbeilles de graisse. Celles-ci furent exposées au soleil des mois d’ab et de tamouz (juillet et août), pourtant il n’y eut pas de putréfaction… [9] ». Les chirurgiens hébreux réalisaient également des  trépanations [10] , des traitements de fracture du crâne [11] et même des splénectomies [12].

Références

  • [1] Sanhédrin 91, b
  • [2] Gérard Couly Contribution à l’étude de la chirurgie biblique talmudique. Thèse pour le doctorat en médecine. Faculté Piité Salpétrière. Numéro 55. 1972.   p 28
  • [3] Sanhedrin 91a. Tossefta Makkot 2,5. Tossefta Kama 6 :27
  • [4] Preuss Julius. Biblical and Talmudic Medicine ( Trans Fred Rosner). New York. Sanhedrin Press. 1978. p. 21
  • [5] Kelim 3,7 et Guitine 56a
  • [6] Exodus Rabbah 27 :9
  • [7] Ezéchiel 30,21
  • [8] Aminoff I. [Talmudic lipectomy] Harefuah, 1999, 15;136(4):323-5.
  • [9] Baba Metza 83 b
  • [10] Oholot 2,3
  • [11] Yerushalmi Avodah Zarah 2 :2
  • [12] Avodah Zarah 44a et Sanhedrin 21b

Pour en savoir plus: La médecine au temps des Hébreux, Bruno Halioua. Éditeur : éditions Liana Levi. Retrouvez le livre sur le site de l’éditeur ou sur Amazon.