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Ces malades célèbres qui ont changé l’Histoire : la syphilis de Charles Baudelaire

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Il semble que Charles Baudelaire (1821-1867), âgé de 18 ans, ait contracté en 1839 une urétrite, en même temps que la syphilis, après une relation sexuelle avec une prostituée.

Il a bénéficié d’un traitement à base d’opiat balsamique par un pharmacien nommé Denis Alexandre Guérin. En 1846, Charles Baudelaire a demandé de l’argent à sa mère pour soigner ses « ulcères à la gorge et au larynx » (lettre du 10 octobre 1846), qui étaient probablement la conséquence du traitement mercuriel administré quelques mois auparavant par un syphiligraphe réputé, le docteur D’Orosko.

À partir de 1848, Baudelaire a présenté une alopécie sévère, qui a été rattachée à une complication de la syphilis. Pendant les émeutes de 1848, à Paris, il a évoqué la syphilis en déclarant :

« Quand on parle de révolution pour de bon, on les épouvante; nous avons tous l’esprit républicain dans les veines comme la vérole dans les os. Nous sommes démocratisés et syphilisés ».

En 1857, il a publié dans Les Fleurs du mal un poème, dont le titre était « À celle qui est trop gaie », qui a été interdit de parution par décision de justice sous prétexte que le « venin » constituait une allusion à la syphilis. Baudelaire s’est insurgé contre cette interprétation et il a prétendu que le « venin » n’était rien d’autre que la mélancolie ou le spleen.

À partir de 1856, Baudelaire a commencé à présenter un cortège de troubles neurologiques avec des céphalées, des épisodes de déficits visuels et des acouphènes, qui ont été rattachés à une éventuelle neurosyphilis, un « espèce de voile obscur devant les yeux et d’un éternel tintouin dans les oreilles. Cela a duré assez longtemps, mais enfin, c’est fini » (lettre du 11 septembre 1856, à sa mère). Il a également présenté des paresthésies, responsables d’engourdissements, de fourmillements, essentiellement au niveau des membres inférieurs, mais surtout des troubles de l’équilibre de type vertiges et nécessitant une période le repos couché strict.

Le 29 mars 1866, Baudelaire a été retrouvé inerte à la Taverne Royale de Bruxelles en état d’ébriété. Inconscient, il a été conduit à son hôtel où le Dr. Léon Marcq a posé le diagnostic d’hémiplégie droite, associée à une aphasie complète. Il a été hospitalisé le 3 avril à la Clinique Saint-Jean de Bruxelles dans un état d’agitation.

Sa mère l’a ramené à Paris, le 30 juin 1866, et l’a hospitalisé à la Clinique du Docteur Duval, où Baudelaire était incapable de prononcer autre chose que « Non, cré nom, non ». Il meurt le 31 août 1867. Un an après sa mort, la troisième édition des Fleurs du mal fut publiée chez Marcel Lévy.

Dr. Bruno HALIOUA

Pour en savoir plus : L’Histoire de la médecine pour les Nuls (Bruno Halioua, Editions First)