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Toc, toc toc à la Synagogue ?

Qui ne connait pas les fameux troubles obsessionnels compulsifs (TOC) qui touchent 2 à 3% de la population ?

Cela se manifeste par des pensées anxiogènes qui suscitent l’envie de réaliser de manière répétitive des gestes ou des actes mentaux qui apportent un soulagement temporaire (lavage des mains, la vérification de la fermeture des portes ou des robinets ou le rangement des affaires suivant un ordre précis).

Les problèmes se posent dans les cas sévères de « TOC » où certains patients peuvent passer plusieurs heures par jour à accomplir des rituels compulsifs qui ont pour conséquence d’entrainer un handicap majeur dans leur vie quotidienne, familiale, sociale ou professionnelle.

Dans l’imaginaire populaire, les Juifs ont souvent été accusé de souffrir plus souvent de TOC parce qu’ils auraient toujours été considérés comme plus angoissés et surtout plus enclins à contrôler leurs actes et leur tendance. Il y a même un terme en yiddish « nervin » qui décrit ces comportements répétitifs et compulsifs. L’humour juif foisonne d’histoires hilarantes de mères présentant un trouble obsessionnel compulsif. En tout cas, aucune étude n’a établi que la prévalence des TOC était plus importante chez les Juifs.

En revanche, il semble que les juifs orthodoxes sont plus enclins à souffrir de TOC que les juifs laïques comme l’ont établi l’équipe du docteur Greenberg de Jérusalem (Isr J Psychiatry Relat Sci 1994 ;31 :211-20). Les manifestations des TOC chez les juifs orthodoxes sont le plus souvent en rapport avec les rituels religieux (Psychol Psychother 2002 ;75 :123–30).

Sous prétexte du respect des mitzvots, certaines femmes souffrant de TOC passent quatre heures à se préparer avant d’aller au mikvé ou perdent un temps incalculable à vérifier le caractère strictement casher d’un aliment. Certains hommes souffrant de TOC mettent jusqu’à trois heures pour dire la Tfilah du matin, certains se lavent les mains 20 à 30 fois tous les jours parce qu’ils considèrent qu’ils ne sont pas assez propres pour étudier la Torah ou dire une bénédiction.

La grande difficulté à laquelle est confronté le médecin (mais aussi le rabbin et les proches du malade) réside dans le fait de savoir si une personne fait preuve d’une religiosité normale ou d’une compulsivité religieuse maladive. Les patients souffrant de TOC peuvent ressentir tellement d’anxiété à cause des pratiques religieuses et sont tellement épuisés psychiquement qu’ils n’apprécient même pas les rituels. Ils ressentent les rites religieux comme des processus douloureux, ponctués de questionnements incessants et de demandes de réconfort de la part des rabbins.

Que faut -il faire ? C’est simple, il faut encourager les personnes qui souffrent de TOC à consulter le plus rapidement possible un professionnel de la santé mentale.

Dr. Bruno HALIOUA