Close

Peut-on péter un câble en allant à Jérusalem ?

L’Ancien ambassadeur d’Israël en France, Elie Barnavi, a relaté le trouble difficilement explicable qu’il a éprouvé le jour où lui, le jeune soldat de Tsahal issu d’une famille non religieuse, a vu pour la première fois le Mur des Lamentations en juin 1967.

Je comprends tout à fait ce qu’il a ressenti car j’éprouve le même trouble à chaque fois que je m’y rends. Est ce qu’on peut l’expliquer par l’exposition solaire importante ? Non. Est ce que j’ai un problème psychiatrique ? Non (du moins je ne le pense pas). Il paraît que je ne suis pas seul dans ce cas. Cela n’inquiète heureusement personne et je me garde bien d’exprimer ce trouble auprès de mes proches.

Ce n’est pas le cas de certaines personnes qui ont carrément des troubles psychiatriques que le psychiatre Yaïr Bar-El a été souvent amené à prendre en charge à l’hôpital Kfar Shaul de Jérusalem. Le plus souvent, il s’agit de touristes Juifs qui arrivent à Jérusalem à l’occasion des grandes fêtes religieuses et qui perdent tout contact avec la réalité en grande partie en raison de l’atmosphère particulière qu’ils ressentent. Ces personnes ont tendance à s’identifier à des héros bibliques.

Il y a quelques années, un touriste canadien a soudainement pensé qu’il était Samson et il s’est mis dans l’idée d’abattre le mur des Lamentations à mains nues. Ils présentent une entité psychiatrique qui a été désigné sous le nom de « syndrome de Jérusalem ».

Il y a deux types de patients : ceux qui ont une affection psychiatrique connue ou des troubles de la personnalité et ceux (environ 10%) qui n’ont pas d’antécédent psychiatrique. Parmi ces derniers, les premiers symptômes surviennent le lendemain de l’arrivée dans la ville sainte et se manifestent par une anxiété soudaine, un besoin de s’isoler, et de réaliser des rites de purification. Certains se revêtent de tuniques blanches ou de toges. Ils éprouvent le besoin de chanter des psaumes, parfois de déclamer des sermons rarement intelligibles, persuadés qu’ils sont investis d’une mission divine.

Il ne faut pas s’inquiéter car le plus souvent ces patients retrouvent un comportement normal après cinq à sept jours, se souvenant alors de ce qui s’est passé, un peu honteux de leur comportement. Ce n’est pas si fréquent que ça. Il est recensé une quarantaine d’hospitalisation sur près de 5 millions de personnes qui visitent Jérusalem.

A ce propos, je vous conseille de voir l’excellent film sorti en 2008 « Le syndrome de Jérusalem » réalisé par Stéphane Belaisch et Emmanuel Naccache…

Alors encore une fois, ne paniquez pas si dans les rues de la vieille ville de Jérusalem votre fils vous demande d’acheter une fronde. Non il ne se prend pas pour le roi David. Et si votre femme trouve que vos cheveux sont trop longs et qu’il faudrait les couper. Pas d’inquiétude, vous n’êtes pas Samson et elle ne se prend pas pour Dalila…

Dr. Bruno HALIOUA