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LE STRESS DES MERES JUIVES DES SOLDATS ISRAELIENS

Nous sommes tous inquiets pour les soldats de Tsahal qui se trouvent actuellement confrontés à de difficiles combats pour protéger l’Etat d’Israël. On imagine les souffrances auxquels ils sont confrontés au quotidien et les conséquences que cela risque d’avoir dans l’avenir.

Moi qui suis l’auteur d’un livre paru il y a vingt ans « Les mères juives des hommes célèbres », je ne peux pas m’empêcher de penser aux parents de ces soldats mais surtout à leurs mères. Voilà pourquoi l’étude récente réalisée par Shahaf Leshem, Eldad Keha et le Professeur Eyal Kalanthroff de l’Université Hébraïque de Jérusalem, réalisée chez 56 vétérans de Tsahal ayant participés à l’opération Bordure protectrice en 2014 et chez leurs parents, m’a particulièrement intéressée (European Journal of Psychotraumatology 2023;14(2):2235983).

Cinq après le conflit de 2014, les auteurs de ce travail ont étudié le risque de troubles du stress post-traumatique (TSPT) chez les soldats et chez leurs parents. Ils ont établi que les soldats de Tsahal qui avaient été affectés à des unités combattantes ont présenté, 5 ans après le conflit, deux fois plus fréquemment des symptômes de stress post traumatique (comme des « flash backs » de l’événement traumatique, une tendance à l’évitement de pensées ou de discussion en rapport avec le traumatisme et des troubles somatiques), que ceux qui avaient été mobilisés mais qui n’avaient pas participé activement aux combats.

L’originalité de l’étude a été de mettre en évidence que les parents des soldats de Tsahal présentaient eux aussi un stress post traumatique en rapport avec les événements vécus par leurs enfants, quelle que soit leur conscience de l’endroit où se trouvaient leurs enfants pendant la guerre. Mais surtout, ils ont établi que les mères manifestaient plus fréquemment un stress traumatique secondaire (STS) que les pères.

Il a été envisagé que les mères ont tendance à être plus vulnérables aux stress secondaires parce qu’elles sont souvent les principales dispensatrices de soins. La fréquence moins importante du stress secondaire chez les pères s’explique par leur passé de soldat qui leur permet d’envisager le traumatisme de leur enfant comme une épreuve partagée.

En conclusion, cette étude fournit des informations essentielles sur les résultats à long terme en matière de santé mentale chez les anciens combattants et leurs parents, mettant en lumière les effets souvent négligés des événements traumatisants.

Comme l’ont suggéré les auteurs de ce travail, il y a un besoin urgent à mettre en place des systèmes de soutien de bonne qualité pour les anciens combattants et leurs familles, soulignant l’interdépendance de leur bien-être psychologique. Voilà pourquoi il est important de souligner l’excellente initiative d’Eric Ghozlan, Docteur en psychologie et directeur du Pôle enfance de l’OSE, qui a mis en place depuis le début du conflit l’opération « Sarah ». Il s’agit d’une cellule d’urgence psychologique de grande qualité avec des psychologues spécialisés dans la prise en charge du Trouble de Stress Post-Traumatique (TSPT) qui prend en charge précocement les Trouble de Stress Post-Traumatique au sein des membres de la Communauté francophone d’Israël et de la communauté juive de France

Dr. Bruno HALIOUA