RIEN NE VAUT LE BOUILLON LOKSHEIN OU LE NIKITOUCHE POUR AFFRONTER LES FETES DE TISHRI
Alors qu’il y a quelques mois j’étais assis tranquillement au Bar du Soleil à Deauville en réfléchissant à ma prochaine chronique sur Actualité Juive, j’ai entendu les sempiternelles discussions de femmes juives à propos de la composition des repas de fêtes de Rosh Hashana et de veille de Yom Kippour.
Il y avait un seul point sur lequel elles étaient d’accord : rien ne valait la mythique soupe de poulet dans les repas de fêtes (le fameux bouillon lokshein ou le nikitouche dans sa variante tunisienne). Chacune de ces mères juives vantait la qualité de ce « petit plus » pour agrémenter le bouillon de poulet. L’une évoquait les kneidleh, l’autre les pattes (hunfislekh), le cou (heldzl), ou les gésiers (pupiklekh), l’autre les vermicelles, l’autre le couscous. Elles étaient toutes persuadées que la soupe de poulet avait des excellentes vertus avec la certitude et l’aplomb des plus éminents professeurs de médecine.
La première expliquait que cela améliorait la qualité de la voix, la seconde que cela apportait du tonus pour supporter le jeun, la troisième que cela guérissait les maux de gorges et les bronchites. Sans le savoir, ces mères juives avaient parfaitement raison comme l’ont établi plusieurs études réalisées par de prestigieuses équipes de recherche.
Dans une étude publiée en 1978 dans la revue Chest (Chest. 1978 Oct ;74(4) :408-10.), une équipe de l’hôpital Mount Sinai de Miami, a comparé la vitesse du mucus nasal chez des personnes qui avaient bu de l’eau froide, de l’eau chaude ou de la soupe au poulet chaude (ne me demandez pas comment ils ont mesuré la vitesse du mucus nasal). Ils ont établi que la soupe de poulet augmentait considérablement la vitesse du mucus nasal ce qui permet de décongestionner et de faciliter l’écoulement des sécrétions nasales et donc de limiter quantité de virus en contact avec la muqueuse du nez.
Encore mieux, une étude réalisée en 2000 dans le même journal par l’équipe du Nebraska Medical Center d’Omaha aux États-Unis (Chest. 2000 Oct ;118(4) :1150-7) a montré que la soupe de poulet avait des vertus anti-inflammatoires en permettant l’inhibition du mouvement des polynucléaires neutrophiles (autrement dit les cellules du système immunitaire qui participent à la réponse inflammatoire de l’organisme).
En dehors de ces propriétés étonnantes, la soupe au poulet est une source importante de protéines mais aussi de zinc, un nutriment clé de l’immunité et surtout de cystéine qui est très proche sur le plan chimique de l’acétylcystéine qui est utilisée dans de nombreux médicaments pour assurer la prise en charge des patients souffrant de bronchite.
Une équipe de recherche belge (ce n’est pas une blague) de Gand, réalisée sur des coureurs cyclistes, a établi que l’ingestion d’une soupe de poulet avant une course en contre la montre améliorait considérablement la performance physique et le contrôle de la fatigue.
Si ça marche pour les cyclistes avant une course (J Int Soc Sports Nutr. 2021 Feb 15 ;18(1) :15.) pourquoi cela ne marcherait pas avant Rosh Hashana et avant Yom Kippour ? Croyez-moi, les mères juives sont trop fortes. D’ailleurs elles n’ont pas été les premières à remarquer les pouvoirs thérapeutiques de la soupe au poulet, longtemps appelée la « pénicilline juive », puisque le célèbre médecin juif Maïmonide l’avait déjà évoqué dans de nombreux écrits. En tout cas, sachez que ces nombreuses études scientifiques ont conduit l’Organisation Mondiale de la Santé à ajouter la soupe au poulet sur la liste des médicaments essentiels pour les infections….
Dr. Bruno HALIOUA