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Qu’est-ce qui fait qu’un shidoukh marche ou ne marche pas ?

Si vous vous êtes déjà retrouvé(e) dans le hall d’un hôtel prestigieux en Israël le samedi soir, vous avez surement dû observer cette kyrielle de jeunes couples haredis en plein processus de shidoukh.

Si vous êtes curieux (ou malicieux) comme moi, vous avez dû vous poser une seule question dont malheureusement vous n’aurez jamais la réponse. Ce shidoukh va-t-il oui ou non aboutir à un mariage ? A l’issue de cette rencontre les deux tourtereaux se posent à chaque fois les deux sempiternelles questions. Est ce qu’il sera possible de rester jusqu’à la fin de mon existence avec cette personne ? Pourquoi cette personne me laisse indifférent ? Ne rigolez pas. Ce sont les questions que nous nous sommes tous posés au minimum une fois dans notre vie !

Avant tout sachez que le fameux coup de foudre n’existe qu’au cinéma. Contrairement à de nombreuses allégations galvaudées, le secret de la réussite d’un shidoukh n’est pas qu’une question d’apparence et de force physique ni de capacité à être fertile ! Voilà que l’équipe de chercheurs dirigée par le Dr. Shir Atzil du Département de Psychologie de l’Université hébraïque de Jérusalem a enfin trouvé la réponse (Scientific Reports. 2022 Mar 21 ;12(1) :4786).

La synchronisation des corps dans le temps est la clef de l’énigme qui permet de prévoir si un couple va durer. Pour arriver à cette conclusion les chercheurs ont examiné comment la physiologie et le comportement d’un couple hétérosexuel s’adaptent l’un à l’autre lors d’une première rencontre. L’étude était basée sur une expérience de speed-dating composée de quarante-six rendez-vous. Chaque rendez-vous durait 5 minutes pendant lesquelles les niveaux de régulation physiologique de chaque partenaire étaient enregistrés avec un bracelet porté au poignet (pouls, tension artérielle, fréquence respiratoire, l’activité des glandes sudoripares, etc..). Les mouvements comportementaux, tels que le hochement de la tête, la façon de bouger les mains ou les jambes étaient également filmés chez chaque partenaire pendant le rendez-vous.

Après la rencontre, le couple devait évaluer l’intérêt amoureux et l’attirance sexuelle qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. L’étude a clairement montré que plus les couples synchronisent leur régulation physiologique et plus ils adaptent leurs mouvements comportementaux plus l’attirance est importante. Curieusement, l’étude a également montré que les femmes étaient plus sexuellement attirées par les hommes qui montraient un niveau élevé de synchronisation.

Autrement dit les hommes « super-synchroniseurs » qui avaient les mêmes gestes et le même état physiologique étaient hautement désirables par les femmes. Personnellement, sur la base de cette étude, j’ai un conseil à vous donner si vous comptez vous rendre à un shidoukh. Si une personne vous plait au cours d’une première rencontre : faites exactement les mêmes gestes, essayez de synchroniser votre respiration sur la sienne, choisissez la même boisson, les mêmes sushis et les mêmes parfums de glace et puis tout ira bien…

Claude Levi Strauss avait donc raison quand il écrivait « Les contraires s’attirent, les similitudes retiennent »…

Dr. Bruno HALIOUA