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Trop manger durant Shabbat contribue-t-il à l’obésité ?

Tout le monde sait qu’on a tendance habituellement à manger beaucoup plus copieusement et plus abondamment à shabbat. Il faut dire que les occasions de se mettre à table sont nombreuses avec le repas du vendredi soir, le kidouch de la synagogue après l’office, la bonne tafina ou le bon tchoulent du samedi midi, la collation de l’après-midi et enfin la séouda chlichit.

Par ailleurs, les aliments consommés le shabbat ne sont pas spécialement pauvres en calories, en particulier la Hallah, qu’on a tendance à manger de manière immodérée en raison de son caractère beaucoup plus appétissant que la classique baguette quotidienne.

En outre, tout le monde sait que shabbat marqué par la traditionnelle sieste shabbatique est un jour ou l’activité sportive ou physique est relativement limitée.

Plusieurs études réalisées aussi bien aux Etats-Unis qu’en Israël ont établi une prévalence plus importante de l’obésité et de surpoids chez les juifs orthodoxes. Cela a conduit une équipe de trois chercheurs américains du Service de la Recherche comportementale et nutritionnelle, de l’Albert Einstein College of Medicine de New York, à se demander si l’apport calorique important consécutif aux repas shabbatiques ne contribuait pas à favoriser la prise de poids chez les Juifs (Journal of Religion and Health. 2016 Oct ;55(5) :1824-31.).

Douze femmes mariées orthodoxes new-yorkaises ont accepté d’être interrogées pendant plusieurs semaines par téléphone tous les jours par des diététiciennes à propos de leur consommation alimentaire quotidienne. Le recueil de ces données a permis de calculer l’apport calorique exact quotidien prise par chacune d’entre elles.

Pour information, il y avait une répartition des femmes selon leur poids (normal, en surpoids et obèse) en fonction de leur indice de masse corporelle (IMC) qui permet d’évaluer la corpulence en tenant compte du poids et de la taille.

Au terme de leur étude, cette équipe a établi que toutes les femmes juives, quelle que soit leur corpulence, avaient un apport calorique absolument identique en semaine. En revanche, ces chercheurs ont démontré que toutes les femmes juives avaient une ration calorique beaucoup plus importante le jour du sabbat que les autres jours de semaine. Ils ont toutefois rapporté que les personnes en surpoids et obèses avaient une ration calorique plus importante le shabbat que les personnes de poids normal.

Bref, on l’a tous compris : cet important apport calorique shabbatique est susceptible de favoriser une prise de poids à long terme lorsqu’il n’est pas compensé de manière adéquate par la pratique du sport au cours de la semaine. Ce n’est pas un scoop car on sait qu’il a été rapporté dans la population générale aux Etats-Unis une prise de poids consécutive à un régime alimentaire riche en calories le dimanche mais aussi pendant la période des fêtes entre Thanksgiving et le Nouvel An.

Voilà pourquoi il est nécessaire de faire preuve de modération quand vous êtes à la table à Shabbat mais aussi au cours des repas qui jalonnent nos fêtes juives. Faut-il se priver de ces moments exceptionnels ? Bien sûr que non, à condition de ne pas trop abuser et surtout à condition de faire une activité sportive pendant la semaine.

N’oublions pas que le célèbre Maïmonide a émis des recommandations il y a plus de 8 siècles qui restent encore d’actualité :
– On ne devra jamais manger à moins d’éprouver la sensation de faim (Hilkhote Dé’ote 4,1).
– On ne mangera pas à satiété mais on devra rester sur le quart de sa faim.

Mais surtout comment ne pas être admiratif devant cette recommandations de Maimonide extrait du Talmud Berah’ot 32 : « La gloutonnerie est comme un poison mortel pour le corps humain et la véritable cause de toutes les affections… dont la plupart ont pour origine les aliments nuisibles, une alimentation trop abondante, même lorsqu’il s’agit d’aliments sains« .

Dr. Bruno HALIOUA