Attention à la Rassrah (la mauvaise humeur), elle est contagieuse
J’étais à Eilat et immanquablement on rencontre sur la Tayelet des personnes qu’on n’a pas vues depuis longtemps. Comme toujours on se demande des nouvelles des enfants, des parents, et bien sûr des connaissances communes. Et bien entendu, à propos d’une personne unanimement considérée comme trop Rassrah.
Pour ceux qui ne le savent pas, la Rassrah est un vieux terme judéo-arabe, très usité par les juifs tunisiens, qui est synonyme d’angoisse ou de mauvaise humeur (un rassratique est une personne souffrant de Rassrah). Bien entendu, la personne vous explique qu’elle ne voit plus cette personne rassratique (faisant preuve de mauvaise humeur) car elle est trop « toxique » et donc susceptible de vous contaminer avec sa Rassrah.
Une prestigieuse équipe américaine – dirigée par James Fowler de l’Université de Californie à San Diego (UCS) et par Nicholas Christakis de l’école de médecine de Harvard – s’est intéressée à ce phénomène de transmission, non pas de la Rassrah mais de l’état émotionnel. Ils ont donc réalisé une étude afin de répondre à la question que nous nous posons tous : « Est ce que le bonheur est contagieux ? ».
Ils ont donc interrogé 4.739 personnes en utilisant une échelle évaluant le niveau de bonheur à l’aide d’un questionnaire (Center for Epidemiological Studies Depression Scale). Le résultat de l’étude a été surprenant car il a permis de démontrer que pour chaque ami heureux, on augmente en moyenne de 9 % ses propres chances d’être heureux. Par contre, chaque ami malheureux les diminue de 7 %.
Mais surtout ils ont étudié les amis des amis et là…surprise ! Le bonheur se transmet jusqu’à trois personnes plus loin, autrement dit, il va jusqu’à l’ami de l’ami de l’ami. C’est une véritable réaction en chaîne par le biais du réseau social. Le bonheur est donc un phénomène collectif et non pas seulement individuel. Il se crée autours de la personne heureuse des clusters de gens heureux et vice versa.
Mieux, les auteurs de ce travail ont établi que la transmission du bonheur n’est pas liée à la profondeur de vos sentiments pour la personne mais plutôt avec la proximité géographique et surtout la fréquence des relations que vous avez avec elle. Cette règle de la « contagion émotionnelle » est valable aussi selon les auteurs pour la dépression, l’anxiété, la solitude, la consommation d’alcool ou de tabac, le comportement alimentaire ou l’exercice.
Les auteurs en ont conclu que les états émotionnels pouvaient être transférés directement d’un individu à un autre par mimétisme et « contagion émotionnelle ». Moralité : évitez de travailler avec ou de fréquenter les personnes toxiques ou rasrratiques, et surtout, la prochaine fois que vous irez à la synagogue, faites comme moi en vous asseyant à côté d’une personne sympathique et rayonnante de bonheur ou buvez un verre avec lui pendant le Kidouch …… et vous verrez l’effet est immédiat sur vous et sur vos proches.
Dr. Bruno HALIOUA