Prier pendant les fêtes de Tichri : est-ce bon pour la santé ?
À l’occasion des fêtes de Tichri, nombreux seront ceux qui prieront dans les synagogues. Mais saviez-vous que la pratique de la prière peut avoir des effets bénéfiques sur la santé, tant mentale que physique ?
De nombreuses études médicales, principalement réalisées aux États-Unis, ont démontré les bienfaits de la pratique sur un grand nombre d’individus. Il a été établi que la prière, en tant que pratique spirituelle, contribue considérablement au bien-être général. Elle permet de se concentrer sur des pensées positives et spirituelles, ce qui entraîne une diminution du taux sanguin de cortisol ce qui entraine une réduction du stress (SRN Psychiatry. 2012 Dec 16;2012:278730.). En abaissant les niveaux de cortisol, elle diminue l’inflammation, ce qui renforce les défenses immunitaires du corps. Des études démontrent que les personnes qui prient régulièrement sont mieux protégées contre les infections et récupèrent plus rapidement après une maladie. La prière aide à mieux faire face aux épreuves de la vie. Les personnes qui prient régulièrement développent une plus grande résilience face aux situations stressantes, telles que les maladies, les pertes ou les crises.
Bien que les effets directs sur la santé physique soient difficiles à quantifier, il a été prouvé que la prière favorisait une baisse de la pression artérielle en induisant un état de relaxation. Une étude parue dans le Journal of the American Heart Association (septembre 2022 ;11(17)) a d’ailleurs révélé que les personnes qui prient ont tendance à adopter une meilleure hygiène de vie, notamment une alimentation plus saine, une activité physique plus importante et un tabagisme moins fréquent. Selon une analyse de 41 études cliniques publiée dans Postgraduate Medicine (septembre 2016 ;128(7):635-41), la prière réduit le risque d’anxiété et de dépression et accroît le sentiment d’optimisme.
Sur le plan préventif, la pratique de la prière pendant l’adolescence aurait des effets bénéfiques sur la santé à l’âge adulte. Une étude de 2018 publiée dans l’American Journal of Epidemiology (1er novembre 2018 ;187(11):2355-2364) a révélé que les adolescents qui prient sont plus satisfaits et plus optimistes à l’âge adulte, souffrent moins de dépression nerveuse et ont une consommation de tabac et de drogues illicites moins fréquente. La prière peut également aider les individus à mieux gérer la maladie en leur offrant un échappatoire émotionnel et en les aidant à se concentrer sur des pensées positives et apaisantes. La prière et la méditation peuvent améliorer la qualité du sommeil, en favorisant la relaxation avant de dormir. Le sentiment de paix et de sécurité que procure la prière peut réduire les pensées anxiogènes ou intrusives qui perturbent souvent le sommeil.
Des chercheurs postulent que les effets positifs rapportés par les patients qui prient pourraient être attribués à l’effet placebo, c’est-à-dire un bien-être ressenti en raison de la croyance en l’efficacité de la prière. La prière peut renforcer les relations interpersonnelles, notamment lorsqu’elle est pratiquée dans un cadre communautaire. Elle favorise l’empathie et la compassion, renforçant les liens sociaux. Le soutien social reçu dans ces contextes est bénéfique pour la santé mentale et émotionnelle. La prière induit un sentiment d’appartenance à la communauté ce qui réduit la solitude, tout en apportant une force émotionnelle et une résilience face aux défis de la vie. En dehors des études cliniques, des chercheurs de l’Université médicale de l’Utah se sont intéressés à l’activité cérébrale induite par la prière grâce à l’Imagerie par Résonnance Magnétique Fonctionnelle(Soc Neurosci. 2018 Feb;13(1):104-116. ). Leur travail a permis de mettre en évidence que la prière entrainait une activation d’une zone du cerveau que les neuroscientifiques appellent le circuit de la récompense du cerveau (localisée dans le noyau accumbens).
Ce système bien connu en neuroscience a pour objectif de maintenir notre équilibre global, aussi appelé « l’homéostasie ». C’est l’activation de ce circuit de la récompense qui régit le repos ou l’appétit. On peut également activé le circuit de la récompense en prenant du plaisir comme c’est le cas quand on écoute un morceau de musique, quand on fait du sport mais aussi quand on prie. L’activation du circuit de la récompense aboutit à la libération finale de dopamine renforçant ainsi le sentiment de paix, de satisfaction et de bonheur., le messager chimique du plaisir. Cette libération de dopamine aide à mémoriser le stimulus agréable. Cela explique que plus on prie plus on prend du plaisir à prier. Des études en imagerie cérébrale montrent que les pratiques méditatives, y compris les prières contemplatives, peuvent réduire l’activité dans l’amygdale, une région impliquée dans la gestion du stress et de la peur.
Pas de doute, pendant les fêtes de Tichri notre circuit de la récompense dans nos cerveaux sera en hyperactivité. D’ailleurs, on assiste souvent après les fêtes de Tichri à un regain de morosité. En tout cas, rappelez-vous, si l’on se base sur les études médicales, la pratique de la prière pendant les fêtes de Tichri que ce ce soit autours de la table familiale ou à la synagogue, permet donc de s’offrir une cure de bien-être exceptionnelle. Après ça, difficile de résister à l’envie de dire, en paraphrasant Henri Salvador : « La prière, c’est la santé ! »…
Dr. Bruno HALIOUA