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Le shabbat permet-il de limiter le risque de nomophobie ?

Connaissez-vous la nomophobie ? Non ce n’est pas la peur des nombres ni celle de son ombre.

La nomophobie (contraction de no mobil phobia) désigne tout simplement la peur panique de ne plus disposer de son téléphone portable, et par extension, de son outil technologique.

Le nomophobe compulsif passe plus de temps sur les réseaux sociaux ou à jouer à des jeux qu’à interagir avec de vraies personnes. Il ne peut pas s’empêcher de vérifier très fréquemment et à tout moment de la journée (ou de la nuit) l’écran de son smartphone, ou de sa tablette, de son ordinateur, afin de s’assurer qu’il n’a manqué aucun appel, mail, MMS ou SMS.

Le nomophobe est un véritable cyberdépendant qui passe son temps à surfer sur le net, sans but précis et qui est plongé dans un état de panique lorsque la batterie menace de ne plus être suffisamment chargée, ou lorsque la connexion est de mauvaise qualité ou est impossible. A chaque fois que son appareil s’éteint, le nonophobe a une impression d’avoir perdu une partie de lui-même ce qui le plonge dans un état d’angoisse absolu.

Mais alors quel est le rapport entre la nomophobie et le shabbat ? Le Docteur Eliyakim Hershkop de la Faculté de Médecine de Haïfa (Isr Med Assoc J. 2020 Sep ;22(9) :587-593) s’est intéressé à la façon dont les juifs orthodoxes réagissaient à la non-utilisation de leurs appareils électroniques. Ont-ils plus de facilité à lutter contre l’addiction aux appareils électroniques ? Il a donc demandé à dix juifs de s’abstenir d’utiliser leurs appareils électroniques le shabbat bien sûr mais aussi un autre jour de semaine afin de savoir si les sentiments de manque étaient identiques le shabbat et un autre jour de semaine. Les participants devaient autoévaluer leurs troubles psychiques sur une échelle de 1 à 5 après 10h et de nouveau après 25 heures d’abstention d’utilisation de leur appareil.

En quoi la non-utilisation de son portable un jour de semaine est -il différent de celle du Shabbat ? Le résultat de l’étude a été sans appel.  L’inconfort consécutif à la non-utilisation du smartphone est moins important le jour du Shabbat que celui ressenti lorsqu’on se déconnecte un autre jour de semaine. Les juifs orthodoxes ont ressenti moins d’anxiété, d’agitation et moins d’irritabilité à shabbat face à cette déconnexion forcée. Comment expliquer cette différence en cas de non-utilisation le shabbat et un autre jour de la semaine ? C’est simple, on sait que les envies dépendent étroitement des habitudes et des attentes. Les juifs orthodoxes sont préparés psychologiquement à ne pas utiliser leur smartphone le jour du shabbat. Leur esprit est conditionné par le respect du shabbat ce qui permet de mieux supporter cette non-utilisation de leur smartphone.

Il faut dire que la lutte contre l’addiction le shabbat est facilité par le fait que les proches adoptent généralement le même comportement, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on doit s’abstenir d’utiliser un outil électronique un jour de semaine. Et puis il y a le sentiment qu’en intégrant la non-utilisation du smartphone dans le cadre du respect du shabbat avec le repas du vendredi soir et la fréquentation de la synagogue avec les liens sociaux, aident grandement à lutter contre le besoin compulsif de regarder son smartphone…

Donc, Chers nonophobes de tous les pays, vous avez compris ce qu’il vous reste à faire…

Dr. Bruno HALIOUA