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Qui risque le plus d’avoir un mélanome malin : les juifs orthodoxes, les séfarades ou les kiboutzniks ?

Telle est la question saugrenue que s’est posée Gil Vardi du Chaïm Sheba Medical Center de Tel Hashomer, qui a comparé l’incidence du mélanome malin (MM) chez les Juifs orthodoxes et laïques entre 1970 et 1982 à la fois à Jérusalem mais aussi dans 2 villes de la périphérie de Tel-Aviv (la ville orthodoxe de Bnei Brak avec sa ville voisine, Givatayim, d’après le International Journal of Cancer. 1993 53(5) :771-3).

Le verdict a été sans appel, l’incidence du mélanome malin est plus faible les Juifs orthodoxes israéliens, dont les vêtements protègent toutes les parties du corps et qui ont tendance à moins s’exposer au soleil.

Bien entendu nous savons que tout le monde peut avoir un mélanome malin mais que le risque est plus important chez les personnes dont le phototype est clair ou qui ont plus d’une cinquantaine de grains de beauté sur l’ensemble du corps ou qui ont les cheveux, les yeux et la peau clairs ou encore qui ont facilement des coups de soleil et/ou qui ont présenté des brûlures solaires intenses dans l’enfance ou adolescence.

C’est ainsi qu’une étude a établi une prévalence plus importante des mélanomes malins chez les kiboutzniks à peau claire et en particulier chez ceux qui ont eu des antécédents d’exposition accrue au soleil de 6 à 13 ans (Israel Médical Association Journal. 1999 Nov;1(3):154-7).

Dans ce même ordre d’idée, le Docteur Mordekhaï Gutman du Sourasky Medical Center de Tel Aviv (Cancer. 1993 May 1 ;71(9) :2746-50), a réalisé une étude chez 348 patients atteints de mélanome malin qui a permis d’établir que les Juifs ashkénazes à la peau claire étaient plus souvent atteints que les Juifs séfarades à la peau mate. En revanche, ces derniers présentent des formes beaucoup plus graves et plus sévères.

Plus récemment, il a été établi que les juifs ashkénazes étaient plus souvent porteurs des variants rares du gène BRCA2 qui prédisposent au mélanome malin (environ 1 personne sur 40 d’origine juive ashkénaze est porteuse de cette mutation BRCA). Au début des années 2000, l’incidence du mélanome malin en Israël était le deuxième le plus élevé au monde, derrière l’Australie.

Ce problème de santé publique a conduit le ministère de la santé israélien à mettre en place un programme de prévention énergique et efficace qui a contribué à réduire considérablement la prévalence des cancers de la peau par habitant en Israël, qui est désormais aujourd’hui au 18ème rang mondial.

Voilà à quoi je pense quand je vois mes coreligionnaires français adeptes du bronzing non-stop sur les transats de la plage Gordon de Tel Aviv ou sur celle de Siéront Beach de Natanya….

Dr. Bruno HALIOUA