Close

La médecine hyperbare en Israël : une révolution au service des patients

Le Centre SAGOL de médecine hyperbare et de recherche au Centre médical Shamir, un leader mondial des traitements par oxygénothérapie hyperbare.

En Israël, une innovation médicale attire l’attention : l’oxygénothérapie hyperbare (HBOT). Loin d’être une solution miracle pour tous les maux, cette approche, lorsqu’elle est pratiquée dans des centres spécialisés, apporte des résultats spectaculaires pour certaines pathologies complexes. Et c’est au Centre Sagol de médecine hyperbare et de recherche, près de Tel Aviv, que cette révolution est en marche, sous la direction du professeur Shai Efrati.

L’oxygénothérapie hyperbare, une solution sur-mesure

L’idée est simple : placer le patient dans une chambre hermétique où il respire de l’oxygène pur sous haute pression. Cet environnement unique permet au corps d’absorber beaucoup plus d’oxygène qu’en conditions normales, ce qui stimule les mécanismes de guérison. Mais attention, cette thérapie nécessite des protocoles personnalisés, adaptés à chaque pathologie.

« On ne traite pas un patient atteint de stress post-traumatique comme on traite une personne souffrant d’infections chroniques ou de plaies qui ne cicatrisent pas », explique le Pr Efrati. « Chaque cas est étudié par une équipe multidisciplinaire pour optimiser les résultats. »

Un centre d’excellence mondial en Israël

Depuis 2008, le Centre Sagol, rattaché au Centre médical Shamir, est à la pointe de la recherche et des traitements hyperbares. Avec huit chambres hyperbares capables de traiter jusqu’à 400 patients par jour, c’est aujourd’hui le plus grand centre de ce type au monde. Les chiffres impressionnent, mais ce sont surtout les résultats qui font parler d’eux.

Récemment, plus de 60 séances ont été dispensées à des vétérans de Tsahal et à des civils souffrant de troubles de stress post-traumatique (TSPT) après les attaques du Hamas en octobre 2023. Le TSPT, souvent déclenché par des événements traumatiques, provoque des symptômes comme des flashbacks, une irritabilité marquée et une hypervigilance, qui peuvent lourdement altérer la qualité de vie.

Selon le Pr Efrati, l’HBOT agit sur ce qu’il appelle une « blessure biologique cérébrale », responsable des symptômes classiques du TSPT. Une étude récente, publiée dans The Journal of Clinical Psychiatry, a montré que cette thérapie améliore la connectivité cérébrale et réduit les symptômes de manière significative, là où les traitements classiques avaient échoué.

Un traitement financé pour les vétérans

Conscient de l’efficacité de l’HBOT, le ministère de la Défense finance le traitement pour les vétérans, à hauteur de 40 000 NIS pour un protocole de 60 séances. Ce soutien permet à des patients résistants aux médicaments ou à la psychothérapie de retrouver une qualité de vie insoupçonnée.

« Nous ciblons les lésions biologiques invisibles au scanner classique », précise le Pr Efrati. « Grâce à l’HBOT, nous observons une régénération des tissus cérébraux et une amélioration durable de la fonction cognitive. »

Des avancées qui vont au-delà du TSPT

Loin de se limiter aux traumatismes psychologiques, l’équipe du Centre Sagol explore d’autres champs d’application. Les études montrent que l’HBOT peut ralentir le déclin cognitif lié à l’âge, améliorer les symptômes du COVID long et même renforcer la cicatrisation dans des cas complexes.

En Israël, seuls quelques centres sont agréés pour pratiquer cette thérapie : outre le Centre Sagol, des installations se trouvent au centre médical Sourasky (Tel Aviv), à l’hôpital Hadassah (Jérusalem) et à l’hôpital Elisha (Haïfa). Un nouveau centre est prévu à Safed, au centre médical Ziv.

Un message de prudence

Si l’oxygénothérapie hyperbare offre des perspectives enthousiasmantes, le Pr Efrati met en garde contre les centres privés non agréés, souvent mal encadrés. « Les traitements mal supervisés peuvent être dangereux. Il est essentiel de s’adresser à des professionnels qualifiés. »

Un espoir pour les patients du monde entier

Le travail du Pr Efrati et de son équipe ne bénéficie pas seulement aux Israéliens. Leur expertise attire des médecins du monde entier, venus se former à ces techniques innovantes. Et pour soutenir ces efforts, un concert caritatif aura lieu au stade Bloomfield de Tel Aviv, avec des artistes tels qu’Idan Amedi et Rita, afin de collecter des fonds pour financer des traitements pour les vétérans et civils touchés par le TSPT.

L’HBOT, autrefois perçue comme une thérapie marginale, suscite aujourd’hui un intérêt croissant en Israël, où elle commence à trouver sa place parmi les approches médicales innovantes. Si elle ne peut pas résoudre tous les problèmes de santé, ses applications spécifiques et prometteuses, encadrées par des professionnels, en font un outil précieux dans certaines situations. Israël, en investissant dans cette technologie, montre une fois de plus sa capacité à explorer de nouvelles voies en médecine, tout en rappelant que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour en élargir les usages.

Dr. Jonathan TAÏEB