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Quel est le rapport entre la madeleine de Proust et le feu de joie de Lag Baomer ?

Nous allons fêter Lag Baomer qui commémore l’anniversaire de la mort de Rabbi Shimon Bar Yochai et la fin d’une période de deuil marquant la mort de milliers d’élèves du rabbin Akiva des suites d’une épidémie. Conformément à la tradition, des feux de joie sont allumés un peu partout en Israël. Mais quel est le rapport entre la madeleine de Proust et le feu de joie de Lag Baomer ?

C’est simple : Marcel Proust qui a souffert d’un asthme sévère particulièrement invalidant n’aurait jamais pu assister à cette fête au cours de laquelle conformément à la tradition on allume des feux de joie. En effet, les pneumologues israéliens ont mis en garde les asthmatiques devant le risque d’exposition à la fumée à Lag Baomer d’autant qu’ils ont fréquemment tendance à souffrir de manière concomitante à une allergie au pollen à cette période de l’année.

Il y a également un risque de pollution à Lag Baomer. Les feux de joies entraînent le dégagement de méthane, d’oxydes d’azote, de monoxyde de carbone et de dioxines liés à la combustion de matière plastique et de caoutchouc particulièrement nocifs pour l’appareil respiratoire. Il y a tellement de feux de joie à Lag Baomer que les images satellites permettent de visualiser une brume enfumée au-dessus du territoire israélien… Des appareils de détection de la pollution de l’air qui ont été installés à 150 endroits du territoire israélien ont établi, que la pollution à l’occasion de cette fête était 8 à 10 fois plus importante qu’au cours d’une journée normale. Il n’est donc pas surprenant d’assister à un encombrement des urgences par des asthmatiques en état d’insuffisance respiratoire aigu le soir de Lag Baomer mais aussi dans les jours qui suivent. Le niveau important de pollution lié aux feux de joie entraîne une sensation d’essoufflement associée à une toux sévère pouvant entraîner une suffocation et une respiration sifflante justifiant parfois une assistance respiratoire.

Cette pollution est un véritable problème de santé publique en Israël

Les responsables gouvernementaux en Israël ont considéré que le niveau de pollution à Lag Baomer était un véritable de problème de santé publique. En conséquence, il a été proposé de limiter le nombre de feux de joie. La municipalité de la ville ultra-orthodoxe de Bnei Barak a expressément demandé aux habitants de ne pas brûler les pneus, les sacs en plastique ou la vaisselle jetable. Certains ont critiqué ces recommandations et ont considéré que l’étape supplémentaire sera d’interdire l’allumage des bougies de Hanoucca (qui contiennent des substances dangereuses comme le toluène, le benzène et le formaldéhyde).

Mais surtout un programme de prévention a été mis en place auprès des asthmatiques. On leur a demandé d’éviter de sortir dehors le soir de Lag Baomer et on les a sensibilisés sur l’importance d’utiliser des médicaments antiasthmatiques préventifs réguliers dans les jours avant et après la fête. Ils ont surtout été informés qu’ils devaient se rendre sans tarder aux urgences à l’hôpital en cas de sensation d’essoufflement qui ne disparaît pas, ou d’enrouement anormal, ou de toux gênante.

Voilà pourquoi je pense à Marcel Proust mais aussi à ces Juifs célèbres asthmatiques comme Mark Spitz, Léonard Bernstein, Benjamin Disraeli ou Joseph Pulitzer à chaque fois que je vois les feux de joie à Lag Baomer…

Dr. Bruno HALIOUA