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Histoire de la Télémédecine

Si la télémédecine nous est présentée aujourd’hui comme une pratique nouvelle, elle est – en réalité – bien plus ancienne qu’on ne le croit.

Dans les précédentes éditions du JAMIF, nous sommes longuement revenus sur les tenants et les aboutissants de cette pratique de la Médecine qu’il ne faut pas confondre avec l’Intelligence Artificielle (IA).

Le terme de télémédecine a été introduit pour la première fois en 1974 dans la littérature médicale anglo-saxonne. Il signifie tout simplement « médecine » et « à distance ». Néanmoins, son histoire remonte à l’Antiquité avec le développement des échanges épistolaires entre les médecins et l’utilisation de canaux de communication comme les signaux de fumée et la réflexion de la lumière pour donner des conseils médicaux à distance.

Ainsi considère-t-on ces échanges épistolaires entre les médecins entre eux (ou avec leurs patients) comme une forme primaire de télémédecine. Au XIIe siècle, Moïse Maïmonide a réalisé, à la demande de nobles égyptiens, deux ouvrages sous la forme d’une monographie sur l’asthme et les hémorroïdes dont ils souffraient. À l’époque, ce médecin et éminent talmudiste pondérait ses propos en précisant les limites relatives au fait de ne pas avoir pu examiner ces patients.

Au-delà de ces lettres manuscrites, le téléphone, lui aussi, a joué un rôle considérable dans le déploiement de la télémédecine. En réalité, l’invention du téléphone a permis un accroissement considérable de la transmission des informations sur de longues distances. Le téléphone est devenu progressivement l’instrument essentiel de cet exercice médical avec la mise au point de numéros d’appel des secours en cas d’urgence médicale. Mais ce n’est pas tout : l’Histoire montre que les lignes téléphoniques ont aussi pu être utilisées autrement que par la voix. Willem Einthoven (1860-1927), qui avait inventé le premier électrocardiogramme le 18 novembre 1902, a eu l’idée de mettre au point le 22 mars 1905 le « télécardiogramme », qui permettait la transmission d’un électrocardiogramme par voie téléphonique, depuis son laboratoire jusqu’à l’hôpital situé à une distance de 1,5 kilomètre de celui-ci. Cet exemple est particulièrement frappant : il traduit la volonté, de tout temps, des médecins d’utiliser les technologies les plus récentes au service de leurs patients, parfois de façon inédite comme le montre cette expérience.

Le radio a, elle aussi et en son temps, permis le développement d’un service de téléassistance médicale. D’abord aux marins, naviguant sur leurs bateaux à plusieurs miles nautiques des côtes, puis plus globalement à l’ensemble des populations isolées.

Plus tard, l’invention de la télévision a également eu pour conséquence la multiplication de programmes de télémédecine originaux. Ainsi, en 1967, un médecin interniste nommé Kenneth Bird, a eu l’idée de créer le premier service de télémédecine au Massachusetts General Hospital Service après avoir passé de longues heures coincé dans un embouteillage dans le Boston’s Sumner Tunnel, itinéraire qui constituait la seule voie d’accès à l’aéroport où il était chargé d’assurer une vacation. Il a alors mis en place ce service de télémédecine qui a permis d’assurer la prise en charge médicale d’environ 1.000 personnes et voyageurs de l’aéroport International Logan de Boston, situé à trois kilomètres de son lieu de travail originel. L’idée était déjà révolutionnaire.

Puis, dans la seconde moitié du XXe siècle, c’est principalement grâce à la NASA, au travers d’outils de  télécommunication extrêmement élaborés pour assurer à la surveillance médicale et la délivrance de soins médicaux à distance aux astronautes envoyés dans l’espace, que la télémédecine a connu un fantastique développement.

Toutefois, le véritable essor de la télémédecine, de surcroît contemporaine, a été rendu possible grâce à internet dans le courant des années 90, qui a constitué le chaînon manquant permettant d’assurer des échanges quasi instantanés d’informations. L’avènement du web marque donc le début de l’ère de la télémédecine « moderne ».

Aujourd’hui, le déploiement de la 5G et de l’internet très haut débit, conjugué à la démocratisation des smartphones et du chiffrement des données, offrent une pléiade d’opportunités, tant pour les patients que pour les professionnels de santé.

Avec l’arrivée inexorable de l’Intelligence Artificielle en santé, à nous désormais, praticiens du XXe siècle, de faire bon usage de ces technologies, tant pour la Médecine que pour nos patients. Mais comme nous l’avons dit plus haut, c’est une autre Histoire…

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez retrouver l’article complet (1), co-écrit avec le Dr. Bruno Halioua, Président de l’AMIF, que je remercie chaleureusement pour sa collaboration.

  • Astruc A, Sarfati S, Halioua B. Télémédecine: les débuts de l’histoire. La Presse Médicale Formation [Internet]. 2020 – https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S2666479820301865

Dr. Alexis ASTRUC
Trésorier de l’AMIF