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LES PERSONNES QUI FREQUENTENT REGULIEREMENT UNE SYNAGOGUE SONT-ELLES PLUS HEUREUSES ?

Telle est la question à laquelle Jeff Levin, Professeur d’épidémiologie et de santé de la population à l’Université Baylor (USA), a cherché à répondre dans une publication publiée dans Psychology of Religion and Spirituality en 2013.

Un questionnaire complet évaluant l’état de santé mais surtout le niveau de bonheur et de satisfaction dans la vie mais aussi un interrogatoire sur le comportement religieux a été administré à un échantillon représentatif de la population juive israélienne comportant 1 849 personnes.

Cette étude originale a permis de mettre en évidence que les Israéliens qui fréquentaient régulièrement la synagogue présentaient un niveau plus important de bonheur que ceux qui n’étaient pas religieux. Par ailleurs, il a été établi que la pratique de la prière était associée à un plus grand sentiment de joie, une plus grande satisfaction à l’égard de la vie et à un sentiment plus important de bien-être physique et psychologique.

Il est intéressant de souligner que cette association entre le bonheur et la fréquentation de la synagogue a été rapporté à tous les âges et aussi bien chez les hommes que chez les femmes quelques soient leur niveau d’éducation et leur statut marital. Cela ne veut pas dire que ceux qui ne fréquentent pas la synagogue sont malheureux. En revanche, leur niveau de bonheur est moins important. L’étude n’a toutefois pas précisé le type de synagogue qui était fréquenté (masorti, orthodoxe, libéral).

L’étude n’a fait que confirmer les résultats d’autres études qui ont été réalisées principalement en Israël, en Grande-Bretagne et aux États-Unis au cours des trois dernières décennies. Elles ont montré que la pratique religieuse régulière améliorait considérablement la santé et le bien-être physique et psychique. Une plus grande religiosité apporte une plus grande maîtrise de soi et une meilleure appréhension à supporter le stress, ce qui permet de mieux faire face aux événements et aux défis traumatisants de la vie. Le lien entre une meilleure sensation de bonheur et la fréquentation régulière d’un Kahal qui s’explique par le soutien social offert par une communauté religieuse, les messages religieux qui inspirent l’optimisme et un bon comportement, la prière qui apporte des émotions positives et la satisfaction de participer à un kidouch abondant parfois agrémenté d’un bon verre.

Voilà une étude qui va faire plaisir à nos rabbins et à nos dirigeants communautaires. Je serai curieux de connaitre les résultats d’une telle étude en France. Est-on plus heureux dans une synagogue Habad, Consistoriale, Libérale ou Masorti ? Je vois déjà les mauvaises langues demander insidieusement si être ashkénaze ou sépharade contribue à accroitre les sentiments de bonheur ? Je vous propose d’aborder très prochainement cette question épineuse source de débats inépuisables…

On peut se demander si le fait que l’étude ait été réalisée en Israël n’a pas eu une influence sur les résultats. On se souvient qu’Israël se classe à la 9ème position des pays les plus heureux du monde parmi 156 pays, selon le « World Happiness Report 2020 », publié par le Réseau des solutions pour le développement durable (RSDD) des Nations-Unies (ONU). A titre informatif la France est en 20ème position de ce classement, tandis que les deux pays du monde où on est le plus malheureux sont le’ Liban et l’Afghanistan (qui n’ont plus de synagogue en activité depuis longtemps).

Il est vrai que, comme l’a expliqué Jeffrey Sachs, l’une des responsables de cette étude, être heureux équivaut à vivre 1) beaucoup d’émotions positives, 2) peu d’émotions négatives et 3) avoir le sentiment général de satisfaction dans la vie.

Levin, J. (2013). Religious behavior, health, and well-being among Israeli Jews : Findings from the European Social Survey. Psychology of Religion and Spirituality, 5(4), 272–282

Dr. Bruno HALIOUA