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L’équithérapie, nouveau souffle pour les vétérans et survivants du 7 octobre

Dans le cadre tranquille de Hibat Zion, un programme nommé « Transcending Trauma » apporte un souffle nouveau aux anciens combattants de Tsahal et aux survivants du 7 octobre. À la tête de cette initiative, le Dr Anita Shkedi (photo), qui a consacré sa carrière à la thérapie assistée par le cheval (EAA/T), une approche corporelle permettant de traiter les traumatismes à divers stades. Revenue de sa semi-retraite pour lancer ce projet, elle connaît elle-même la douleur de la perte : son fils a été tué lors d’une mission au Liban en 1993. Aujourd’hui, elle transforme sa tragédie personnelle en une force au service des autres, avec le soutien de l’organisation « Brothers of Jonathan », créée en mémoire de son fils.

À ce jour, 60 soldats et 20 survivants du festival Supernova ont pris part à huit séances d’équithérapie dans l’espoir d’atténuer les effets du stress post-traumatique. La particularité de cette méthode ? Elle repose sur des exercices physiques et sensoriels. « Quand une personne est traumatisée, elle peut avoir l’impression d’être coupée de son corps. Le travail avec les chevaux permet de relâcher les tensions et d’apaiser les mécanismes de survie ancrés dans le cerveau », explique le Dr Shkedi. Chaque séance débute par des exercices de respiration légère, puis les participants brossent les chevaux et les préparent pour la montée. Pas question d’épuiser les cavaliers : la méditation est courte et les séances à cheval sont limitées à 15 minutes.

Le rôle des chevaux est central : ils sont capables de percevoir les émotions humaines, qu’il s’agisse de la peur ou de l’anxiété. « Les chevaux agissent comme un miroir, ce qui permet aux participants de prendre conscience de leur état et de s’y confronter », précise le Dr Shkedi. Grâce à cette interaction, les cavaliers apprennent progressivement à gérer leurs émotions et à retrouver confiance, d’abord envers l’animal, puis dans leur quotidien.

Mais l’expérience ne s’arrête pas là. Le programme encourage les échanges après chaque séance, autour d’un café, pour discuter des ressentis. Cette dimension sociale aide à recréer des liens, là où beaucoup de vétérans ont perdu foi en l’humanité. « Les chevaux facilitent le retour à l’attachement », constate Shkedi, qui suit de près l’évolution de chaque participant.

Les histoires de progrès sont émouvantes. Un cavalier, paniqué lors de ses premières séances, s’est profondément attaché à Cass, un cheval gris. « Il est devenu inséparable de Cass », confie Shkedi. Un autre participant, souffrant de troubles du sommeil, a remarqué une légère amélioration de ses nuits après quelques séances.

Face à la demande croissante, l’équipe espère élargir le programme. En Israël, les centres de santé sont souvent débordés par l’afflux de personnes souffrant de stress post-traumatique, et l’équithérapie pourrait offrir une alternative précieuse.

Les résultats obtenus montrent que cette approche thérapeutique mérite d’être explorée davantage. Si elle ne remplace pas les traitements classiques, elle représente une voie prometteuse pour aider les participants à mieux vivre avec leurs blessures invisibles.

Dr. Jonathan TAÏEB