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Prévenir le diabète en Israël : un modèle inédit, le projet « SPHERE » pour réduire les inégalités en santé

La direction de SPHERE est composée, de gauche à droite, de la directrice adjointe Dr Sivan Spitzer, du directeur Prof. Naim Shehadeh et du directeur général Martin Duifhuizen.
(Crédit photo : SPHERE)

Si je vous dis qu’un simple changement de mode de vie pourrait éviter à des milliers de personnes de développer un diabète, vous me croyez ? C’est pourtant une réalité portée par un projet révolutionnaire, mené dans le nord d’Israël, pour prévenir cette maladie silencieuse. Aux commandes : SPHERE, un programme innovant de la faculté de médecine de Bar-Ilan, qui agit comme un véritable laboratoire d’idées pour réduire les inégalités en santé.

Un défi de taille dans une région à risques

Le diabète, autrefois surnommé « la maladie des riches », touche aujourd’hui prioritairement les populations défavorisées. Et en périphérie d’Israël, notamment en Galilée, la situation est alarmante. Les risques ? Obésité galopante, prédiabète, complications graves comme l’amputation ou l’insuffisance rénale. Pourquoi ? Parce que 80 % des facteurs de risque sont liés à l’environnement des habitants : alimentation, activité physique et éducation à la santé.

C’est là que SPHERE entre en jeu. L’idée ? Travailler main dans la main avec les autorités locales, les communautés juives et arabes, et même les professionnels de la ville, pour transformer ces zones en véritables terrains d’expérimentation.

Un programme sur mesure pour chaque ville

Imaginez : une équipe de 25 experts – médecins, urbanistes, coachs en santé – qui débarquent dans une ville pour bâtir un écosystème entier autour de la prévention du diabète. Objectif : faire de la santé une priorité municipale. Ça passe par quoi ? Des campagnes d’éducation, des ateliers de cuisine saine, des espaces pour bouger, et même des applications pour guider les médecins vers les traitements les plus récents.

Le résultat ? En seulement trois ans, SPHERE a permis de réduire de 40 % le passage du prédiabète au diabète grâce à des changements simples comme une perte de poids, une meilleure alimentation ou la prescription préventive de metformine, un médicament bien connu des diabétologues.

La clé du succès : un travail d’équipe

Le moteur de ce projet, c’est une collaboration inédite. SPHERE mobilise des caisses d’assurance santé, comme Clalit et Maccabi, des municipalités et même des leaders communautaires. « C’est la première fois qu’on réussit à intégrer la santé dans l’ADN des villes », explique le Dr Sivan Spitzer, directrice adjointe du programme.

Et pour que le message passe, tout est adapté aux réalités locales : des outils en arabe et en hébreu, des initiatives ciblées pour les populations haredi (ultra-orthodoxes), et une sensibilisation renforcée pour les médecins généralistes, souvent en première ligne dans ces régions.

Un modèle exportable pour demain ?

SPHERE ne compte pas s’arrêter là. Si le succès se confirme dans le nord d’Israël, l’objectif est d’essaimer ce modèle dans d’autres zones défavorisées, au sud du pays et pourquoi pas, à l’international.

Ce programme rappelle une vérité essentielle : la santé d’une population ne repose pas seulement sur les avancées médicales ou la richesse des infrastructures. Elle se construit avant tout sur des bases sociales, éducatives et environnementales solides. À travers cet exemple, SPHERE démontre que même dans les contextes les plus complexes, il est possible d’agir, de transformer, et surtout, d’espérer. Car derrière chaque chiffre, il y a des vies sauvées, des familles épargnées et des communautés renforcées. Et cela, aucun progrès scientifique ne pourra jamais le remplacer.

Dr. Jonathan TAÏEB