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Le youyou de la grand-mère limite t’il la douleur du nouveau-né au moment de sa circoncision ?

Pendant longtemps je me suis fié aux propos rassurants des Mohalim qui soutenaient mordicus que les nouveau-nés étaient incapables de ressentir de la douleur. Aujourd’hui, on sait grâce aux travaux d’Anna Taddio de l’université de Toronto, que les nouveau-nés ressentent de la douleur et qu’il existe même ce qu’elle appelle une « mémoire de la douleur ». Elle a montré dans une cohorte de 87 garçons âgés de quatre à six mois que les réponses à la douleur induite par une vaccination étaient plus importante chez ceux qui avaient été circoncis au cours de la période néonatale (Lancet. 1995 Feb 4;345(8945):291-2).

Voilà pourquoi il est important de tenir compte de la douleur au cours de la circoncision. Il convient toutefois de ne pas s’inquiéter car les nouveau-nés sont extrêmement résilients et ils disposent d’une aptitude exceptionnelle à supporter le stress après l’expérience traumatisante de la naissance. Il a été mis en évidence chez les nouveau-nés des taux élevés de corticostéroïdes, d’adrénaline, d’androgène, de thyroxine et d’endorphines qui les aident à mieux faire face au stress de la circoncision.

Comment lutter contre la douleur du nouveau-né pendant la circoncision ? Plusieurs études ont montré que la  musique avait un effet bénéfique chez les nouveau-nés. C’est ainsi que le Docteur Joyce de l’université d’Indianapolis a mis en évidence que la réalisation d’une circoncision néonatale dans une ambiance musicale en milieu hospitalier limitait considérablement la douleur du nouveau-né (Journal  Pediatr Health Care. 2001 May-Jun;15(3):105-14).

Dans son étude, elle avait évalué la réponse à la douleur à l’aide d’une échelle d’évaluation de l’intensité de la douleur tout en y intégrant des paramètres physiologiques comme la fréquence cardiaque, la fréquence respiratoire, les niveaux de saturation en oxygène, les taux de cortisol salivaire et la durée du cri. Mais surtout, les néonatalogistes se sont aperçus qu’il y avait une réduction considérable de la douleur du nouveau-né lorsqu’on détournait son attention  par un stimuli vocable brutal et fort.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire la prochaine fois que vous irez à une Brit Milah. Première chose : il conviendra de chanter haut et fort (et juste) pour apporter le bien-être nécessaire à la mise en condition du nouveau-né. Deuxième chose : il sera important de demander avec tact et mesure aux grand-mères, aux tantes, à la belle mère, de déclencher un youyou strident et fort ni trop tôt ni trop tard avec la synchronisation précise d’un horloger suisse (tunisien) au moment précis où le Mohel réalisera l’acte de la Brit Milah pour plonger le nouveau-né par surprise dans un état stoïque afin qu’il ne souffre pas !

Dr. Bruno HALIOUA