POURQUOI A-T-ON MAL AU CRANE A YOM KIPPOUR ?

Tout le monde redoute ce fameux mal de crâne qui nous tourmente au fur et à mesure que nous approchons de Neilah qui clôture la fête de Yom Kippour.

Regardez bien les personnes assises autours de vous à la synagogue à ce moment précis. Ils ont tendance à se tenir la tête tout en regardant alternativement leur Sidour, le rabbin et surtout l’horloge…

Pas besoin d’être médecin pour comprendre qu’ils souffrent de cette fameuse « céphalée de Yom Kippour »  qui est probablement la maladie la plus fréquente chez les Juifs. Une étude réalisée par le docteur Amnon Mosek de la faculté de médecine de Tel Aviv en 1995 (Neurology. 1995 Nov ;45(11) :1953-5) a établi que cette céphalée de Yom Kippour touchait 39 % de ceux qui observait le jeûne de 25 heures. II a montré qu’elle affectait avec prédilection les personnes ayant des antécédents de céphalées et qu’elles survenaient en moyenne 16 heures après le début du jeûne.

Les céphalées de Yom Kippour sont légères à modérées, non pulsatile et sont localisées au niveau frontal ou temporal de manière bilatéral. J’anticipe déjà la question qui brûle vos lèvres. Quel est la cause de cette céphalée de Yom Kippour ? Selon le docteur Michael Drescher de l’hôpital d’Hartford aux Etats Unis, il n’y a pas une cause mais des causes qui sont au nombre de trois : la déshydratation, l’hypoglycémie et surtout le sevrage en caféine (Headache. 2006 Nov-Dec ;46(10) :1487-91).

Il faut savoir que l’effet stimulant du café s’explique par le blocage par la caféine des récepteurs de l’adénosine qu’on retrouve dans les cellules nerveuses (les fameux neurones). La caféine empêche la fixation de l’adénosine avec pour conséquence une diminution des douleurs et une stimulation de la production d’adrénaline (la fameuse hormone du stress) ce qui permet l’augmentation du niveau d’attention et un surtout un surcroît d’énergie. Il n’est donc pas surprenant que le sevrage en caféine comme cela a lieu à Yom Kippour déclenche ces fameux maux de tête mais aussi une somnolence handicapante pour suivre l’office. Le sevrage en caféine n’est pas la condition sine qua none pour qu’il y ait une céphalée de Yom Kippour qui peut également survenir chez des personnes qui ne consomment pas du tout de café.

Le gouvernement israélien a pris au sérieux les céphalées de Yom Kippour et a donc élaboré des directives d’autant qu’il n’existe à ce jour aucun médicament permettant d’en empêcher la survenue. Quels sont t-ils ? La première recommandation est d’adopter un changement radical dans le régime alimentaire dix jours avant Yom Kippour. Il est conseillé de réduire de moitié la consommation de café qui peut éventuellement être switcher avec du café décaféiné. La deuxième recommandation consiste à essayer de boire abondamment pendant la journée ou les deux jours précédant Yom Kippour pour minimiser le risque de déshydratation. On conseille surtout de limiter les aliments salés et épicés, qui ne feraient qu’augmenter la soif pendant le jeûne. La troisième recommandation consiste à adopter une tenue vestimentaire adaptée à la température ambiante de la synagogue de façon à ne pas avoir ni trop chaud ni trop froid. Il est conseillé de se promener régulièrement et de prendre l’air au moindre signe annonciateur de cette redoutable céphalée. La quatrième recommandation a trait au moment fatidique qui suit la sonnerie du shoffar. Ne vous précipitez surtout pas sur le boulou ou le leykekh que votre femme (ou votre mère) a amoureusement préparé en prévision de ce moment d’extase. Prenez le temps de vous désaltérer dans un premier temps puis de manger dans un second temps, pas trop rapidement ni trop excessivement !!!

Le vrai problème c’est que d’une année à l’autre on a tendance à oublier cette fameuse céphalée de Yom Kippour. C’est exactement ce qui m’est arrivé. Voilà pourquoi cette chronique a été écrite non pas avant mais après Yom Kippour. Alors un conseil. Ne jetez pas cet article. Imprimez-le, découpez-le et gardez-le soigneusement dans le livre des recettes de Yom Kippour pour l’année prochaine…

Dr. Bruno HALIOUA