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LE BURN-OUT DES FÊTES DE TICHRI

Tout le monde sait que le mois de Tichri est jalonné par une série de jours de fêtes qui se succèdent à un rythme effréné avec Rosh Hashana, Yom Kippour, Souccot et bien sûr Simha Torah.

C’est une période particulièrement épuisante et angoissante en raison du regain de stress qui accompagne la préparation de ces célébrations avec pour conséquence un épuisement physique et psychique et une peur des critiques. Savez-vous que nos collègues Juifs américains viennent de décrire une nouvelle entité médicale : le « Burn out des fêtes de Tishri ».

Ce syndrome au nom équivoque traduit un épuisement physique et psychologique qui s’est installé depuis un moment et qui se révèle au moment des fêtes. Comme le notent de nombreuses études, ce syndrome touche plus souvent les femmes plus investies dans la gestion des familles, des dîners, des tâches ménagères, du soutien scolaire etc. Nombre d’entre elles ne peuvent malheureusement pas toujours compter sur leur conjoint même s’ils les aident du mieux qu’ils le peuvent.

Vous vous sentez épuisée physiquement et moralement ? Vous n’arrivez plus à vous concentrer ou à interagir sereinement avec vos proches ? Vous vous sentez incapable d’affronter l’organisation des fêtes de Tichri ? Vous êtes tétanisé(e) par la charge de travail qui vous attend pour les fêtes de Tichri?  Alors vous être peut-être en proie à ce que certains experts surnomment le « Burn-out des fêtes de Tishri »…

Selon une enquête menée auprès de 2.000 américains, plus d’un tiers (35 %) se sentent souvent épuisés, notamment sur le plan mental et physique, avant l’arrivée des fêtes de Noël ou de Hanouka ou de Tichri (tout dépend de celui qui a répondu bien sûr). De plus, 68 % estiment que la période des fêtes, est une période stressante. La cause se résume globalement en une phrase : un stress excessif, et des attentes irréalistes. On oublie trop souvent l’héroïsme de ces femmes juives chargées de faire en sorte que tout se déroule bien. Elles se posent à chaque fois cette sempiternelle question « Serais-je à la hauteur des responsabilités qui m’incombent ? ».

On oublie aussi souvent de rappeler que la préparation des repas n’est pas la seule source de stress pendant les fêtes de Tichri. En effet il faut rajouter les multiples situations stressantes comme les courses dans les supermarchés, les attentes devant les caisses, les négociations dans les boucheries casher pour avoir le bon morceau de viande (avec le fameux « Désolé je n’en ai plus ») et enfin le ménage de la maison. Ce surcroît de stress pendant les fêtes est d’autant plus important qu’il coïncide avec la rentrée scolaire, la reprise et la charge des activités professionnelles qui ne diminuent pas pour autant avec son lot d’angoisses.

Je pourrais multiplier à l’infini les questions existentielles qui tourbillonnent dans l’esprit de ces mère juives, véritables héroïnes des temps moderne. Qui vient ou qui ne vient pas le premier et le deuxième soir ? Aurais-je assez de nourriture pour tout le monde ? Ou vais-je trouver de la place dans le frigidaire pour mettre toute cette nourriture?  Avons-nous suffisamment de couchages ? Comment va-t-on occuper les enfants pendant le dîner ?  Bref vous l’aurez compris, il y a un seul leitmotiv dans la bouche de ces milliers de femmes juives admirables : « Est ce que je n’ai rien oublié ? ».

Les repas qui émaillent les fêtes sont également souvent chargés d’émotions. Tout ne se limite pas à la préparation des repas. Il y a bien sûr les relations familiales parfois tendues avec les incompatibilités d’humeur. Il y a malheureusement au cours du repas la prise de conscience qu’il manque un être cher qui était toujours là depuis plusieurs années. Il y a la peur que le plat soit trop salé ou pas assez cuit. Il y a le convive insupportable qui n’a pas faim ou qui n’aime pas votre plat (par exemple je n’aime pas l’agneau, le poulet et je n’aime que le canard) et qui est de mauvaise humeur. Par ailleurs, les nuits sont plus courtes et l’alimentation plus riche en alcool et en plats copieux avec pour conséquence une fatigue accrue.

Pour faire simple la succession, des festivités de Rosh Hashana, Yom Kippour, Soukkot et Simhat Torah réduisent souvent à néant le surcroit d’énergie qui a été accumulé pendant les vacances d’été. Pour limiter le risque de « burn-out des fêtes de Tichri » voici une série de conseils qui ont été délivrés par les spécialistes :

  1. N’oubliez pas que vous n’avez rien à prouver ! Faites en sorte de limiter l’intensité de cette situation anxiogène en identifiant précisément les sources de stress afin de mieux les contrer.
  2. Planifiez en amont tout ce que vous avez à faire et faites des listes de priorités pour ne pas perdre de temps.
  3. Pensez à vos besoins : Réfléchissez à ce que vous attendez réellement des fêtes de Tichri pour vous  protéger. Identifiez ce qui vous ferait vous sentir bien à la fois mentalement et physiquement. Faites attention aux phrases telles que « Je devrais faire ceci ». Souvent, elles reflètent les attentes des autres plutôt que vos propres besoins.
  4. Fixez vous des limites : Ne vous engagez pas à en faire trop pendant les fêtes de Tichri. Décidez ce qui est vraiment important pour vous et déclinez les invitations qui ne correspondent pas à vos priorités. N’hésitez pas à demander de l’aide.
  5. . Apprenez à dire non : Ne vous précipitez pas pour accepter toutes les demandes. Prenez le temps de réfléchir avant de dire oui, et entraînez-vous à dire non lorsque cela est nécessaire pour votre bien-être.
  6. Priorisez votre bien-être. Consacrez le temps que vous pouvez grapillé pour vous détendre, pour lire ou simplement pour dormir. Ménagez-vous des temps calmes et des temps de loisir, en solo, si cela vous permet de décompresser.

En conclusion, si vous sentez que vous avez les premiers signes de burn-out des fêtes de Tichri, n’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches, à vos amis ou à votre famille. N’hésitez pas à vous confier sur vos inquiétudes et autres tracasseries. Et si le besoin s’en fait sentir, n’hésitez pas à demander l’aide d’un professionnel de santé qui saura vous écouter et vous conseiller !

Dr. Bruno HALIOUA