Manuel Valls et Jean-Luc Mélenchon : deux visages du socialisme
Jean-Luc Mélenchon, dont on annonçait le déclin, a été la vraie surprise de la campagne présidentielle. Sa maîtrise oratoire et les talents organisationnels de son équipe en ont fait un leader charismatique qui rêve de transformer une campagne législative excessivement atone en troisième tour de la présidentielle.
Les derniers sondages suggèrent que la République en Marche, pardon, l’Ensemble pour la Majorité présidentielle, pourrait ne pas obtenir la majorité absolue, ce qui serait une première depuis l’instauration du quinquennat.
Dans 10 des 11 circonscriptions des Français à l’Etranger, le candidat macronien s’est qualifié pour le second tour : la seule exception est la péninsule ibérique où Manuel Valls a été éliminé. Je tiens à lui rendre hommage. Ministre de l’Intérieur, puis Premier ministre, il s’est montré un républicain intransigeant, un Européen convaincu, un social-démocrate de conviction et de gouvernement, ainsi qu’un adversaire de l’islamisme clairvoyant et résolu. Sa phrase sur les Juifs sans lesquels la France ne serait plus la France m’avait bouleversé. On me proposait de présider la Commission de l’Alyah de l’Agence juive. J’ai refusé, car après des paroles aussi fortes, je ne pouvais plus, me semblait-il, considérer l’Alyah comme « la » réponse naturelle aux agressions antisémites.
J’aurais réagi différemment si, à Dieu ne plaise, Jean-Luc Mélenchon avait alors été au pouvoir…
Le programme de ce dernier, injecter de la monnaie en quantité dans une économie en stagflation, dans une France au déficit commercial massif et aux dépenses publiques déjà en proportion les plus élevées du monde, sous le motif qu’on escompte les effets bénéfiques d’un hypothétique coefficient multiplicateur keynésien, relève de l’économie vaudou. L’expérience, qu’on a déjà connue en 1981, ne peut que mal se terminer, par un crash financier, par un brutal changement de direction, par une guerre civile ou par l’instauration d’un régime répressif. La France aura alors quitté l’Europe avec laquelle Mélenchon se vante d’établir un rapport de force pour lui montrer qu’il n’est pas soumis à ses directives, puisqu’il est insoumis par définition. Elle aura aussi abandonné le nucléaire et quitté l’OTAN, puisqu’elle est capable de se défendre toute seule et que de toute façon elle n’en aura pas besoin car tous vont adhérer à ses idées de paix et de fraternité, et rejeter l’impérialisme américain , le seul responsable de la misère et des guerres dans le monde…
Ce conte pour enfants devenu le programme commun de la Nupes n’a même pas été modifié par la guerre en Ukraine. Car la vision du monde de Jean-Luc Mélenchon est similaire à celle de Poutine, comme à celle de Chavez et Maduro au Vénézuela, ces leaders populistes qui ont réussi l’exploit de transformer en importateur d’essence, un pays qui possède les plus grandes réserves de pétrole de la planète.
La haine contre les Etats-Unis en est le fil directeur commun. Que, pour grappiller quelques sièges et les subventions publiques qui viennent avec, le Parti socialiste et les écologistes aient accepté ces affinités, n’améliore pas l’image qu’on se fait du débat politique.
Mélenchon qui a franchi les bornes du consensus républicain par son commentaire sur « la police qui tue », a fort peu de chances de réussir son pari de devenir Premier Ministre, même si la Nupes remporte les élections.
Mais son socle électoral ratisse large. Ce sont des désemparés d’une situation où les carences nationales paraissent de plus en plus criantes et qui cherchent refuge dans l’utopie dénonciatrice, ce sont des jeunes inquiets de l’avenir et ce sont des musulmans.
Envers ces derniers, Mélenchon mène une politique de séduction qui englobe l’Islamisme le plus intolérant. Qu’il ne soit pas lui-même antisémite importe peu. Il est devenu, sous la bannière si confortable d’un soutien aux opprimés, un israélophobe virulent.
Quand Jeremy Corbyn a dû quitter la direction du Parti travailliste anglais, sous le coup d’innombrables accusations d’antisémitisme, Mélenchon s’est fendu d’un texte attribuant son départ aux manœuvres du Likoud et du grand rabbin britannique. Il ne faut donc pas s’étonner que le même Corbyn, l’homme qui a rendu hommage aux assassins des athlètes israéliens aux J.O. de Munich, vienne à Paris soutenir Danielle Simonnet et Danièle Obono, puisque ce sont deux figures de cet islamo-gauchisme dont certains prétendent qu’il n’existe pas mais dont Mélenchon, qui lui existe bel et bien, est le représentant archétypal dans notre pays.
Non, décidément, chacun est libre de son vote, mais moi, je ne voterai pas pour le parti de Jean-Luc Mélenchon.
Dr. Richard PRASQUIER