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Une génération traumatisée : presque tous les enfants israéliens signalent des symptômes d’anxiété

Selon le président de l’Association israélienne de pédiatrie, le professeur Zachi Grossman, fondateur de l’IPROS, le réseau israélien de recherche pédiatrique qui compte 450 praticiens, les motifs de consultation des enfants israéliens ont radicalement changé depuis le 7 octobre (Yediot Aharonot 20 octobre 2023, Jérusalem Post 25 octobre 2023).

Ils sont moins fréquemment confrontés à la prise en charge d’enfants atteints de maladies contagieuses régulières telles que les rhino-pharyngites et la grippe. Cela s’explique en grande partie par l’absence de fréquentation des crèches et des établissements scolaires, avec pour conséquence une réduction du risque de transmission des maladies infectieuses.

En revanche, le professeur Zachi Grossman a fait le constat que près de 90 % des enfants qui consultent leurs pédiatres présentent des symptômes d’anxiété directement liés à la guerre qui se déroule actuellement à Gaza. Les pédiatres israéliens se sont rendus compte que les parents rapportaient plus fréquemment des changements de comportement et des troubles psychologiques chez leurs enfants. Beaucoup souffrent d’énurésie, certains refusent de jouer à l’extérieur de leur maison, d’autres ne veulent dormir que dans la chambre de leurs parents et certains hurlent au moment des alertes aux roquettes.

Le professeur Zachi Grossman considère qu’on assiste seulement à la pointe de l’iceberg, car de nombreuses familles ne consultent pas en raison de leur volonté de minimiser l’importance des troubles psychologiques de leurs enfants. Il a mis en garde les pouvoirs publics israéliens face au problème que représente ce qu’il a appelé un « tsunami de symptômes d’anxiété chez les enfants » qui n’est pas traité selon lui de manière adéquate.

Cette problématique totalement inédite dans la société israélienne justifie la mise en place d’une campagne de prévention afin d’informer les parents sur l’importance d’assurer une prise en charge adéquate et correcte mais surtout précoce des enfants qui souffrent d’anxiété. Son principal conseil pour aider les parents dans cette situation est de parler avec leurs enfants et de leur dire qu’il est normal de se sentir triste, craintif et de pleurer. Par ailleurs il a insisté sur l’importance d’encourager les enfants israéliens à poursuivre leurs activités, à mieux contrôler leurs émotions et à limiter leurs peurs. Il encourage les parents à établir une routine à la maison, en confiant à leurs enfants des tâches actives à accomplir, comme nettoyer leur chambre, ou même préparer un gâteau avec leurs parents et pas seulement à écouter de la musique, qui est une activité passive.

Grossman conseille aux parents de parler à leurs enfants des horribles vidéos du 7 octobre et de leur demander s’ils l’ont vu et ce qu’ils ont vu, et d’expliquer qu’il y a du mal dans le monde mais qu’Israël va vaincre et que la guerre se terminera avec le pays dans une meilleure position de force et d’unité. Il  estime d’ailleurs que ce qui restera dans la psychée israélienne, c’est que les près de 10 mois de division, d’insultes, et même de haine et de violence à propos de la refonte judiciaire, ont été remplacés par un élan de volontariat, de dons et d’amour dans l’ensemble de la population – rendant le pays plus fort qu’avant.

Dr. Bruno HALIOUA