Passage à l’heure d’hiver : attention au coup de froid… Et au coup de blues !
Première parution : Huffington Post du 30 octobre 2022
Par le Dr. Jonathan TAÏEB, Secrétaire Général de l’AMIF, Chef de Clinique du Centre du Sommeil à l’Hôtel-Dieu AP-HP
Tic-tac, tic-tac, tic-tac… C’est l’heure ! Pour la 50ème année consécutive, la France changera d’heure ce week-end [le week-end dernier] !
Ainsi, dans la nuit de samedi à dimanche [du week-end dernier], les aiguilles reculeront d’une heure. Plus précisément, à 3h du matin, il sera en réalité 2h. Cette mesure, instaurée en France en 1973 afin de réaliser des économies d’énergie suite au choc pétrolier – et uniformisée en 1998 à l’ensemble des pays membres de l’UE – n’a aujourd’hui plus tellement de raison d’être.
C’est d’ailleurs pour cela que l’Union Européenne avait décidé, en 2019, de mettre un terme au changement d’heure biannuel, après une vaste consultation en ligne des ressortissants du « Vieux – Continent ». Une pandémie mondiale et des atermoiements administratifs plus tard, la situation est désormais au statuquo. Et on évoque dorénavant 2024, au plus tôt, pour enfin mettre un terme à cette mesure.
Pourquoi enfin ? Car au-delà de son utilité désormais plus que relative, le changement d’heure n’est pas anodin pour nos organismes. Pire, il les malmène !
Pourtant, nombre d’entre nous seront ravis dimanche matin d’avoir « gagné une heure de sommeil ». Mais notre cycle circadien, lui, ne s’en réjouira pas. Ce processus biologique qui rythme l’alternance veille-sommeil chez la plupart des êtres vivants – y compris les végétaux – ne rend pas si absolu ce gain de temps dans les bras de Morphée.
D’autre part, l’impact psychologique du passage à l’heure d’hiver n’est pas à négliger. En effet, vient donc la saison où se conjuguent, le froid, un temps maussade, un retour des virus et donc la perte d’une heure de lumière naturelle…
Les horaires de repas sont a fortiori modifiés, les heures de lever et de coucher sont altérées, et notre horloge biologique s’en retrouve quelque peu bouleversée. Nombre d’entre nous subissent alors ce que l’on pourrait appeler un « blues hivernal ». Ce phénomène est d’autant plus présent chez les personnes âgées, dont l’emploi du temps et les habitudes de vies sont souvent figées, et chez les personnes atteintes de dépression, susceptibles de faire une rechute. Ainsi apparaissent des troubles du sommeil, de l’humeur, de l’appétit… 4 à 6% des Français en seraient touchés chaque année !
La bonne nouvelle est qu’il n’y a pourtant pas de fatalité et que nombre de petites actions nous permettent de surmonter aisément ce passage à l’heure d’hiver ! En voici 5 que je vous propose :
- Le Jour J, outrepassez l’autorisation parentale et couchez-vous plus tard que d’habitude
La veille du changement d’heure, préparez le terrain : couchez-vous une heure plus tard afin de vous réveiller sensiblement à l’heure habituelle tout en ayant dormi le même nombre d’heure de sommeil.
- A peine réveillé(e), levez-vous
Pas question, surtout les premiers temps de votre réadaptation, de faire la grasse matinée ! Rien de tel pour entamer une nouvelle journée que d’être rapidement exposé(e) à la lumière du jour.
- Faîtes du sport
L’activité physique libère des endorphines et de la dopamine qui permettent de garder de l’énergie et de la motivation tout au long de la journée. De plus, elle facilite votre endormissement.
- Boostez vos vitamines
Outre la vitamine D, qui pourra être augmentée à l’aide de compléments alimentaires ou simplement en vous exposant au soleil lorsque celui-ci pointera le bout de son nez (même en hiver, si si !), les fruits et le chocolat noir sont autant d’alliés et de vitamines pour vous aider à surmonter la 4ème saison de Vivaldi.
- Détendez-vous !
Quoi de mieux pour bien dormir que d’être détendu ? Un bon bain chaud, une lumière tamisée, un roman, une musique douce… Autant de petits bonheurs pour des nuits meilleures.
Bon passage à l’heure d’hiver à tous ! Et réjouissez-vous : il nous reste encore deux mois d’automne…